L’Université catholique de Louvain a organisé récemment, pour la première fois, une formation une formation dénommée « Démocratie participative ». Sur le contenu et le sens de cette formation ainsi que les modalités de délivrance de ce certificat, le journal Œil d’Humanité a invité M. Jehan Bottin, diplômé en sciences politiques et en droit de l’université catholique de Louvain, où il travaille comme assistant et chercheur en sciences politiques, et dont les recherches portent principalement sur la démocratie et l’institutionnalisation de la participation citoyenne en Belgique, à expliquer à ses lecteurs tout ce qui touche à ce concept et les contours de la formation que UCL dédie désormais à certificat mis en place avec l’ensemble des universités francophones du pays. 

Œil d'humanité : Commençons par vous remercier Monsieur Jehan Bottin pour avoir accepté de parler de votre projet à notre journal. Que diriez-vous si on vous demandait une brève présentation de votre auguste personne ? 

Jehan Bottin : Avec plaisir, et merci également pour votre invitation ! Mon nom est Jehan Bottin, je suis diplômé en sciences politiques et en droit de l’université catholique de Louvain, où je travaille comme assistant et chercheur en sciences politiques. Mes recherches portent principalement sur la démocratie et l’institutionnalisation de la participation citoyenne en Belgique. 

Œil d'humanité : Vous organisez une formation dénommée « Démocratie participative », pour la première fois au sein de votre université. En quoi consiste-t-elle ? Comment comprendre ce concept démocratie participative ? 

JB : Il s’agit d’un certificat mis en place avec l’ensemble des universités francophones du pays dont l’objectif est de permettre aux acteurs de la démocratie participative de consolider leur bagage théorique sur ces questions et d’échanger sur leurs pratiques. 

Il existe de très nombreuses définitions de la notion de démocratie participative et je ne me risquerais pas à en choisir une plutôt qu’une autre. L’idée générale est que les décisions publiques sont plus légitimes et plus efficaces lorsqu’une diversité de citoyens (en particulier celles et ceux qui seront concernés par celles-ci, mais pas uniquement) peuvent y contribuer. 

Œil d'humanité: Le concept clairement expliqué, passons alors à l’objectif de ce certificat inter universitaire. Pouvez-vous nous en dire plus ? 

JB : L’objectif de la formation est d’outiller les chargés de projets, agents publics, élus, professionnels de l’espace public et de l’aménagement du territoire, membres d’associations de développement urbain, travailleurs souhaitant mener une réflexion sur la démocratie interne de leur organisation, conseillers politiques, syndicats et mutualités, groupements citoyens soucieux de réfléchir à la démocratie et de mettre en place un dispositif participatif. 

Œil d'humanité: Quels sont les critères établis pour bénéficier de cette formation ? 

JB : L’objectif de cette formation, même s’il s’agit d’une formation universitaire avec des ambitions assez élevées en termes de contenu, est d’être la plus ouverte possible : seule une bonne maîtrise du français est demandée, ainsi qu’un niveau de diplôme équivalent à celui du bachelier. Il est également possible de déroger à cette seconde condition via la procédure de valorisation des acquis d’apprentissage (il s’agit de valoriser une pratique professionnelle d’au moins 5 ans dans un domaine spécifique). 

Œil d'humanité: L’intitulé de la formation « démocratie participative » est attrayant mais qu’en est-il de son contenu ? On aimerait bien en avoir une idée. 

JB : La formation est organisée en 5 modules. Chaque module est constitué d’une partie introductive et d’une partie « séminaire » facilitant les échanges entre participants. Les séminaires seront animés par des chercheurs et experts spécialisés dans le domaine. 

Voici le contenu des différents modules : 

Module 1. Fondements théoriques et panorama 

Module 2. Institutions publiques et participation citoyenne 

Module 3. Dispositifs participatifs et leur opérationnalisation 

Module 4. Démocratie numérique 

Module 5. Facilitation et acteurs des dispositifs 

Œil d'humanité: A l’issue de cette formation, les étudiants recevront un certificat de démocratie participative. Quelle est la carrière future à pour les détenteurs de ce précieux parchemin ? 

JB : En réalité, la plupart des participants de ce certificat travaillent déjà, l’objectif pour eux est de s’outiller d’un point de vue théorique et de créer un réseau de partage de pratiques. Pour les autres, cette formation ouvre à de nombreuses fonctions dans les administrations publiques, dans les organisations publiques ou privées ou dans les entreprises qui souhaitent organiser des processus de participation citoyenne. 

Œil d'humanité : Quelle appréciation faites-vous de la démocratie participative telle que se pratique en Belgique ?  

JB : De nombreuses initiatives sont organisées à plusieurs niveaux de pouvoir mais celles-ci peinent parfois à s'institutionnaliser ou à avoir un réel effet sur les politiques publiques. La Belgique est néanmoins le lieu de naissance de deux exemples originaux et fascinants de dispositifs délibératifs institutionnalisés au sein de parlements : il s’agit du dialogue citoyen permanent en communauté germanophone, et des commissions délibératives mixtes au sein des assemblées bruxelloises. 

Œil d'humanité : Avez-vous d’autres projets ou formations sur la démocratie participative ? 

JB : Pour approfondir ce sujet, il est possible de s’inscrire en sciences politiques. Le Master en sciences politiques de l’UCLouvain traite plus spécifiquement de ces questions dans sa finalité spécialisée en « Democratic innovations and transformations ». Pour la suite, pourquoi ne pas réfléchir également à une édition « avancée » du certificat ? À méditer. 

Sciences Politiques 

Master 120 et Master 60 en Sciences Politiques Site Louvain-La-Neuve Structure du programme SPOL2M - 120 crédits... 

Œil d'humanité: Les principes de la démocratie participative s’opposent à la dictature (des régimes politiques qu’on trouve dans les pays moins avancés). Mais cette « démocratie participative » est-elle le modèle achevé, parfait, de la démocratie ? Qu’en est-il des pays du Tiers Monde où les citoyens n’ont pas de prise de parole dans la chose publique ? 

JB : C’est dans l’ADN même de la démocratie d’être imparfaite et de devoir être critiquée, repensée, améliorée sans cesse. Il n’existe pas un seul modèle de démocratie ni de participation citoyenne, tant ces concepts doivent être adaptés continuellement au contexte dans lesquels ils s’insèrent. 

Œil d'humanité: Alors, avez-vous un ultime message à ajouter à cette interview ? 

JB : Merci pour votre intérêt pour notre formation ! Et bonne continuation dans votre travail de journaliste !