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Corruption : le Mal de l’Afrique

Corruption : le Mal de l’Afrique

Corruption : le Mal de l’Afrique

/ POLITIQUE / Tuesday, 08 December 2020 09:24

source photo: sunubuzzsn.com 

Par Sneiba Mohamed  

La 10ème édition du Baromètre mondial de la corruption – Afrique révèle que l’Afrique est, pour longtemps encore, le terreau de ce fléau qui plombe le développement du continent en transformant les richesses nationales en « biens » privés. Seule note d’espoir, la plupart des Africains pensent s’estiment capables, en tant que citoyens, de changer la donne dans la lutte contre la corruption. 

Dans les pays africains, la corruption entrave le développement économique, politique et social. Elle représente un obstacle majeur à la croissance économique, à la bonne gouvernance et aux libertés fondamentales, comme la liberté d’expression ou le droit des citoyens à demander des comptes à leur gouvernement. Qui plus est, la corruption porte atteinte au bien-être des individus, des familles et des communautés. 

Le rapport 2019 de Transparency international sur l’état de la corruption en Afrique réalisé dans 35 pays (soit environ 130 millions de citoyens),  en partenariat avec l’Afrobaromètre et Omega Research, révèle que « plus d’une personne sur quatre a dû verser un pot-de-vin pour accéder à des services publics tels que la santé et l’éducation au cours de l’année précédente. » 

Dans le classement infamant de la corruption, la police conserve sa palme « conquise » depuis 2015, selon l’avis de 47% des citoyens interrogés ! D’autres services publics, tels que la distribution d’eau et d’électricité, et les services délivrant des documents d’identité, comme les permis et les passeports, sont aussi fortement concernés par la pratique des pots-de-vin. 

Le top 10 des services publics les plus corrompus s’établit comme suit : police (47%), fonctionnaires (39%), parlementaires (36%), chefs d’entreprises (36%), juges (34%), présidence ou cabinet du premier ministre (34%), administrations locales (33%), chefs traditionnels (22%), ONG (20%), chefs religieux (16%). 

Quand on cherche à savoir qui paie les pots-de-vin, le paradoxe est flagrant : les plus pauvres payent deux fois plus de pots-de-vin (36%) que les plus riches (16%), et sont souvent privés d’un accès essentiel aux services de santé, à l’éducation et aux protections juridiques, avec des conséquences désastreuses. En considération des âges, les jeunes de 18 à 34 ans sont plus susceptibles de devoir verser des pots-de-vin que les plus de 55 ans. 

Pour changer une telle situation, l’optimisme est cependant de mise au sein des populations africaines dont 53% pensent qu’il est possible de vaincre la corruption, si les gouvernements leur donnent les moyens.  

Enfin, le trio de tête des pays les plus corrompu, selon le classement de Transparency international, est constitué de la RDC (80%), du Liberia (53%) et de la Sierra Leone (52%). Les 3 Etats les moins corrompus du continent sont l’Ile Maurice (5%), le Botswana (7%) et le Cap-Vert (8%). 

La commission économique pour l’Afrique (CEA) des Nations Unies estime que pour mesurer la corruption dans le continent, il faut prendre en compte la dimension internationale. Car la grande corruption est celle qu’entretiennent les responsables africains quand ils négocient des contrats importants d’infrastructures ou l’octroi de financements avec des partenaires étrangers.  

En plus du baromètre mondial de la corruption, les indicateurs qui font autorité quand il s’agit de mesurer la corruption en Afrique, sont l’Indice de perception de la corruption, ciblant les citoyens,  les Indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale, l’Indice Mo Ibrahim de la gouvernance  africaine  et  Afrobaromètre. Ils déterminent les politiques étrangères, les décisions   d’investissement et l’allocation de l’aide (APD), ainsi que l’analyse du risque pays sur le continent.   

La corruption est au centre de l’hémorragie de capitaux d’origine illicite dont l’Afrique est le théâtre. Elle sape la capacité de nombreux gouvernements à assurer les services de base à leur population. Ainsi, selon de nouveaux calculs de l’Onu, les pertes dues à la corruption, la contrebande, l’évasion fiscale  et les sous-facturations équivalent à la somme de l’aide publique au développement et des investissements directs étrangers, soient au moins 76 milliards d’euros par an selon la dernière évaluation retenue dans le rapport 2020 sur le développement économique de l’Afrique, publié lundi 28 septembre par la Conférence des Nations unies sur le développement (Cnuced).  

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