Commencé dès le lendemain du génocide perpétré contre les Tutsi, le travail de réconciliation pour l’unité de la population rwandaise fait par l’Église catholique au Rwanda, a eu un grand impact. Bien que plusieurs églises furent le lieu de massacres en masse des Tutsi, l’Église catholique du Rwanda a déclaré que la vie doit l’emporter sur la mort et que l’Amour, la repentance et le pardon peuvent mener à la réconciliation et au triomphe de l’Amour du prochain malgré tout.
Le génocide des Tutsi a emporté plus de 800000 vies humaines et a déstructuré profondément le tissu social rwandais. Tout était à reconstruire, que cela soit au niveau sociale, matériel, morale ou spirituel. Tout de suite après l’arrêt du génocide par le Front Patriotique Rwandais (FPR) dirigé par l’actuel Président du Rwanda Paul Kagame, l’Église s’est mise à la tâche de secourir les veuves et les orphelins, aider à la réintégration des réfugiés et a commencé la tâche de longue haleine de réconciliation nationale.
De fait, le travail de l’Église sur le chemin de l’unité et de la réconciliation a permis d’affronter la tragédie causée par le génocide contre les Tutsi mais également les reproches qui en découlent. L’Église catholique était accusée d’avoir été complice d’un régime divisionniste et raciste.
En outre, il faut noter que le Pape Jean Paul II fut le premier à utiliser le mot génocide en décrivant les massacres en masse des Tutsi qui se perpétraient au Rwanda. C’était le 15 mai 1994 quand il déclara ceci : « Il s’agit purement et simplement d’un génocide dont sont malheureusement aussi responsables de nombreux catholiques. Jour après jour, je suis proche de ce peuple en agonie et je voudrais à nouveau en appeler à la conscience de ceux qui planifient ces massacres et les exécutent. Ils portent le pays vers l’abîme ». (O.R. N° 20 du 17 mai 1994). Ceci a eu un impact sur l’isolement international du régime génocidaire et à la reconnaissance du génocide contre les Tutsis par la communauté internationale.
Le retour à l’Église des rescapés du génocide, qui n’osaient plus venir à la messe, fut un moment de reprise et de rapprochement des Rwandais. Plusieurs initiatives des chrétiens ont permis une réconciliation entre les survivants du génocide et ceux qui ont massacré les leurs. Cette réconciliation a pu voir le jour dans plusieurs paroisses avec notamment l’appui des prêtres et de religieux.
On peut ici évoquer, par exemple, un groupe de femmes appelé « le Bon Samaritain », qui faisait le tour des prisons et rencontrait des nombreux durant des heures. Ces femmes provenaient, pour la plupart, de familles qui ont souffert du génocide perpétré contre les Tutsi. Elles ont apporté leur pardon, mais demandaient en échange, que ceux qui sont coupables reconnaissent leur crime. Grâce à ce groupe, on a assisté à de véritables conversions.
Un autre exemple frappant est celui de l’Association « Courage de vivre » constituée de veuves du génocide et de femmes de prisonniers accusés du génocide ainsi que les femmes veuves de la guerre de la paroisse « Sainte Marie Mère de Dieu » de Karama dans le Diocèse de Butare. Cette association fut un lieu de demande de pardon, d’empathie mutuelle et de réconciliation. Les évêques du Rwanda ont également encouragé les Rwandais à tourner le dos à toute forme de division et de violence.
Il est à souligner que le chemin est encore long, l’Église rwandaise doit tirer des leçons des événements du passé et s’engager à lutter contre toutes sortes de discrimination, de négationnisme et d’idéologie du génocide en commençant au sein du clergé et des religieux, pour que le Rwanda continue sur la bonne voie de la réconciliation et de l’unité nationale.