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Sahel : le désengagement à risques de la France

Sahel : le désengagement à risques de la France

Sahel : le désengagement à risques de la France

/ POLITIQUE / Wednesday, 14 July 2021 18:45
source: https://www.letemps.ch
 
 Par Sneiba Mohamed

Un sommet du G5 Sahel à Paris avec, en présentiel, Emmanuel Macron et le président nigérien nouvellement élu, Mohamed Bazoum. Les trois autres présidents de ce regroupement de lutte antiterroriste, le mauritanien Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, le Burkinabè Roch Marc Kabore, le Malien, le colonel Assimi Goita et le Tchadien, le colonel Mahamat Idriss Déby, ont échangé avec leurs pairs par visioconférence. Un sommet dont le premier enseignement à tirer est la distribution des cartes effectuée par un Emmanuel Macron qui est entré activement dans la préparation de la présidentielle de 2022. Cette donne à caractère existentiel, pour Macron, justifie bien des choses.

Si le président français revient en partie sur la décision de retirer du Mali les forces militaires engagées dans l’opération Barkhanes, la réduction drastique des troupes qui passent de 5000 à 3000 soldats et leur redéploiement vers le sud ainsi que le choix du Niger pour servir de QG à la task force européenne « Takuba » sont un signal fort envoyé à la junte militaire malienne. Une sanction pour avoir perturbé le cours d’une transition « démocratique » par un deuxième coup d’État. Le président Nigérien qui apparait comme le nouveau joker de Paris au Sahel ne dit pas autre chose, quand il déclare, provoquant le courroux des colonels maliens, que la place des militaires est au front, pas dans les palais et que ce n’est pas à la France de se battre à la place des Africains !

Le renoncement au désengagement total annoncé sur le chaud, au lendemain de la seconde forfaiture du colonel Assimi Goïta, était sans doute une sorte de rattrapage politico-stratégique, quand la France s’est rappelé qu’en 2012, son intervention au Mali était, justement, pour stopper l’avancée sur Bamako des forces rebelles Touarègues du MNLA (Mouvement nationale pour la libération de l’Azawad) et qui entrainaient dans leur sillage les organisations terroristes qui massacrent aujourd’hui populations civiles et militaires au Sahel.

Ce risque de déstabilisation que causerait le désengagement total de la France est rappelé aujourd’hui par ce qui se passe en Afghanistan, le départ en cours des militaires américains ayant permis aux Talibans de réinvestir 85% du territoire !

La fermeture de plusieurs bases françaises au Mali, d’ici fin 2021, annonce donc de grandes perturbations sécuritaires dans un pays où les militaires sont occupés par la politique. Le passage à Paris du président mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, dans une visite « privée », quelques jours avant l’annonce du retrait par Emmanuel Macron, le 9 juillet, était sans doute pour discuter de ces dernières évolutions sécuritaires, la Mauritanien étant le seul pays du G5 Sahel épargné par les attaques terroristes depuis 2011. Un exploit qui vaut au président mauritanien, ancien général ayant passé une décennie à la tête de l’Etat-major

général des armées de son pays estime et considération auprès de la France, des Etats-Unis et de l’Otan.

La France se décharge donc d’une partie du fardeau qu’elle porte au Sahel depuis 2012, avec un milliard d’euros de dépenses par an et concentrera ses efforts dans un « périmètre élargi », la zone dite des « trois frontières » (Mali, Burkina Faso, Niger). Son désengagement partiel créé de nouveaux risques, si les pays du G5 Sahel ne rehaussent pas le niveau de leur engagement militaire contre les groupes terroristes et si la communauté internationale ne comprend pas la nécessité de placer les forces de la Munisma (Mission des Nations-Unies au Mali) sous le chapitre 7, avec plus de moyens et de liberté d’actions, parce que le péril terroriste menace la sécurité mondiale.

 

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