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La CEDEAO Entre Responsabilité Et Légitimité !!!

La CEDEAO Entre Responsabilité Et Légitimité !!!

La CEDEAO Entre Responsabilité Et Légitimité !!!

/ POLITIQUE / Thursday, 05 May 2022 12:19

source photo: DW

Par MARIEME BA

La Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest est une organisation intergouvernementale ouest-africaine qui compte en son sein 15 États membres La CEDEAO a pour objectif de coordonner les actions des pays de l'Afrique de l'Ouest depuis sa création le 28 mai 1975. Chose qui lui devient impossible dernièrement avec l'instabilité de la zone. Elle rencontre d'énormes difficultés par les crises politiques et sociales que traversent certains pays. Jouant un rôle de médiateur et de régulateur, elle est confrontée à un non-respect de ses prérogatives et décisions par des pouvoirs de transitions qui incarnent la rupture. Ceci ne fait que remettre en cause sa légitimité ainsi que ses responsabilités. Alors que l'insécurité du Sahel reste une équation préoccupante pour les dirigeants des pays de la sous région. Cette nouvelle vague de coup d'État dans la zone risque de remettre en question l'autorité et l'utilité de l'organisation.

 

 

La CEDEAO a pour but de promouvoir la coopération et l'intégration avec l'objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine. L'intégration a toujours été un critère important pour l'organisation ouest africaine visant l'unité des peuples. Mettre en avance la circulation des personnes et des biens ainsi que l'acceptation de l'autre frère ou sœur africains  quelque soit l'ethnie et la région.

En 1990, elle a vu son pouvoir s'étendre au maintien de la stabilité régionale avec la création de l'ECOMOG, groupe militaire d’intervention qui devient permanent en 1999. Ainsi elle n'a cessé depuis lors  de veiller au respect de l'ordre institutionnel et à la stabilité de chaque pays membre; et n'hésite en aucun cas d'intervenir dans tout état menacé.

 

 

La zone ouest africaine vit un tourbillon qui ne présage pas une issue favorable. L'histoire politique du Mali, de la Guinée Conakry, de la Guinée Bissau, du Burkina, a toujours été marquée par des coups d’État. Malgré tous les efforts consentis par les pays du commun vouloir de rompre avec cette fatalité, la réalité est autre. Cette situation de toujours revivre ces putschs s'explique par plusieurs facteurs d'après les spécialistes.

Ce désordre institutionnel qualifié comme le printemps africain ne fait que traduire des dysfonctionnements notoires issues des politiques instaurés depuis l'indépendance.

 

 

Des  présidents démocratiquement élus ont été déposés par des militaires à l'occasion de coup d'État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Et le cas malien retrace à lui seul le nœud du problème commun à ces états. L'un des pays les plus vastes et riches en ressources (bauxite, or, fer, etc..) vivant dans une précarité économique. Sachant que leur sous-sol regorge de richesses exploitées par des groupes  extérieurs et même armés au besoin de leurs profits. Un rébellion surplombé d'un terrorisme malveillant mène la terreur dans le quotidien des populations. Dans cet état de désolation spécifique à chaque pays, les États de tutelle n'ont pas pu rétablir l'ordre, la paix, la sécurité et l'autorité.

À cela s'ajoutent des régimes présidentiels forts qui se permettent de tripatouiller les constitutions sans référendum ni consensus politico social des différents acteurs. Des événements qui n'ont fait que raviver le ras bol général cause circonstanciel de ces prises de pouvoir.

 

 

Dans cette dynamique de confisquer les pouvoirs au nom des peuples, la CEDEAO en réagissant a suspendu ces pays de l’organisation sous-régionale. Cette décision est appuyée par les propos du Président de la Commission de la CEDEAO Jean Claude Kassi Brou : "Il faut d’abord prendre en compte les principes fondateurs de notre communauté, tout particulièrement le protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance que nous avons adopté en 2001. Celui-ci indique clairement que les changements de pouvoir non constitutionnels ne sont pas acceptés. Il indique tout aussi clairement que l’armée est apolitique"

Les sanctions prises à l’encontre de ces régimes militaires s'appliquent à la lettre même si elles restent loin de faire l'unanimité.

Prenons l'exemple du Mali où se trouve en face une junte soutenue par une grande majorité de la population. Un état de fait qui risque même de légitimer ce pouvoir en place.

 

 

Ces nouveaux hommes forts de ces pays de la sous-région bénéficient d'une part de la confiance de leurs concitoyens. Élément capital à tenir en compte par les instances sous régionales et continentales si leurs dirigeants souhaitent un dénouement pacifique.

Une fois à la tête du pouvoir, ils ont mis en place des organes de gestion transitoire au terme de laquelle le pouvoir sera transmis aux civils.

En Guinée, la durée de cette transition n’est pas encore déterminée. Le colonel Mamadi Doumbouya s’en réfère à la décision qui sortira des concertations nationales. Par contre, au Burkina Faso, la charte de la transition a déjà tranché la question en fixant à 36 mois la durée de la transition.

Au Mali, elle est prévue pour une durée de deux ans selon le Premier ministre Choguel Maïga, qui a fait cette annonce devant le Conseil national de transition. Même si cette décision est considérée comme une provocation de plus de Bamako. Sachant que la CEDEAO ne cesse de presser les autorités de transition d'organiser des élections pour remettre le pouvoir aux civils.

 

 

Peu convaincue par la bonne foi des nouveaux décideurs de Ouagadougou et de Conakry, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO s’est réunie ce 25 mars à Accra, au Ghana.

L’organisation économique régionale demande à Bamako d’organiser des élections en seize mois maximum.

Sachant que l'embargo nuit à l'économie malienne donc impacte négativement les conditions de vie des maliens.

Même si le PIB global des États membres de la CEDEAO tournait vers les 565 milliards de dollars en L'instabilité politique reste un facteur de sous développement.

 

 

Le délai demandé par le Burkina et la Guinée Conakry pour se mettre en phase avec les recommandations de la CEDEAO peut être considéré comme une stratégie des régimes en place pour gagner du temps à mieux s'organiser. Vu que l'efficacité et l'objectivité de l'institution sont remises en cause par tant d'interrogations.

Le blocus du Mali finira il par les contraindre à négocier ?

L'embargo était-il la meilleure

décision ?

Que risque le Mali s'il refuse de coopérer ?

La CEDEAO ne pouvait elle pas faire preuve d'indulgence en approfondissant la médiation?

Le Mali est il l'agneau du sacrifice pour freiner ce printemps africain en donnant une leçon aux autres ?

Toutes ces questions interpellent la  responsabilité de la CEDEAO aux conséquences que ces décisions engendreraient. Et montrent aussi les limites de cette agglomération de chefs d'états qui se fient plus à leurs intérêts et sécurité.

Quelque soit l'issue des médiations, l'organisation sous régionale est contestée de tout bord à cause des décisions prises. Certains même remettent en cause sa légitimité!

Dès lors la CEDEAO pourra elle continuer de jouer pleinement son rôle dans un avenir pas lointain?

 

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