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Visite du roi des Belges en RDC : au-delà du fait politique, une symbolique très forte

Visite du roi des Belges en RDC : au-delà du fait politique, une symbolique très forte

Visite du roi des Belges en RDC : au-delà du fait politique, une symbolique très forte

/ POLITIQUE / Thursday, 16 June 2022 07:04

source photo: franceinfo

Par Jean Paul HABIMANA

Philippe, roi des Belges, vient de passer six jours en visite officielle en RDC (ex Congo belge, ex Zaïre). Une première visite officielle différemment appréciée, en Belgique et en République démocratique du Congo (RDC) où la démocratie peine à prendre racine à cause des problèmes sécuritaires, économiques et politiques nés dans les conflits et l’instabilité postindépendance.

Il faut reconnaître cependant que la symbolique est très forte. Le roi Philippe, et à travers lui la Belgique, exprime, par cette visite, une réelle volonté d’œuvrer pour un futur où le pardon et le dépassement des erreurs du passé, devraient permettre à la RDC de nouer un partenariat gagnant-gagnant avec l’ancienne puissance tutélaire. Le devoir de mémoire est certes une exigence qui se pose à la Belgique dont l’histoire moderne, à partir de la colonisation jusqu’aux moments de l’indépendance, rappelle un destin commun qui a aujourd’hui une symbolique très forte exprimant une spécificité culturelle et politique de même nature que celle qui lie la France et l’Angleterre à leurs anciennes possessions en Afrique.

C’est peut-être une fatale erreur que de continuer à ne regarder que le rapport de la Belgique à ses anciennes colonies d’Afrique, soixante-dix ans après les indépendances, sous l’angle de la conflictualité et pas de la coopération entre pays jouissant d’une souveraineté politique mais co-dépendants économiquement les uns des autres.

C’est un tort, en effet, que de considérer les déséquilibres économiques comme quelque chose d’immuable. Le cours de l’histoire est tel qu’il montre, à intervalles presque réguliers, une inversion des rapports de force. L’expression d’une volonté de coopération entre la Belgique et la RDC, symbolisée par la visite officielle du roi Philippe, est plus forte que cette « exigence », presque réfractaire, de présentation d’excuses au sujet d’une colonisation dont les effets – mitigés - commencent à s’estomper.

Les préoccupations de la RDC, et de l’Afrique de façon générale, sont d’essence économique. Ce qu’elle désire, au-delà des symboles (la restitution des biens culturels ou la reconnaissance d’un préjudice subi, individuel ou collectif), c’est de pouvoir échanger, commercer, discuter, vivre ensemble, avec cet ancien colonisateur, belge, ou autre, en jouissant des mêmes égards, des mêmes commodités qu’offre la souveraineté internationale. À ce sujet, et vu le potentiel d’échanges commerciaux et de partenariats économiques entre la Belgique et la RDC, il est plus raisonnable de ne pas rester otage du passé, de se tourner plutôt vers un avenir qui se construit à deux. La Belgique qui ouvre ses bras aux ressortissants de ses anciennes colonies exprime par ce geste une sorte de « compensation morale » réparatrice. Quand cette diaspora bien intégrée se rappelle d’où elle vient et décide de se servir de sa multi-culturalité pour créer les conditions d’un vivre ensemble, cela tend à faire oublier les réminiscences d’un passé que certains traînent malencontreusement comme un boulet les empêchant de construire un futur commun.

En conclusion, avec cette visite de Philippe, le roi des Belges, l’on se rend compte que les lignes bougent ; peut-être pas à la vitesse voulue par certains. Il y a donc volonté pour que l’on travaille la main dans la main. C’est réellement une avancée notoire vers la « pacification » des discours sur le passé colonial de la Belgique parce que certains, refusant de verser dans les extrêmes, évoquent, de plus en plus, une forme de dialectique de l’Histoire, avec une colonisation qui y eut des méfaits, certes, mais également des bienfaits. 

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