frnlen

Sénégal: Élections législatives en pleine crise démocratique !

Sénégal: Élections législatives en pleine crise démocratique !

Sénégal: Élections législatives en pleine crise démocratique !

/ POLITIQUE / Tuesday, 12 July 2022 20:40

source photo: contretemps

Par MARIEME BA

Dimanche 10 juillet 2022 marque le début de la campagne électorale pour les élections législatives du 31 juillet 2022.

Une date importante où les différentes coalitions et têtes de liste départementale et nationale défendent leurs idées. Une étape capitale pour échanger et interagir avec les militants et les citoyens du pays. En somme, cette date est une opportunité de présenter leur vision de la 14ème législature de l'Assemblée nationale.

Cette campagne électorale arrive dans un contexte tendu et houleux entre les différents acteurs politiques. Depuis le dépôt des parrainages et des listes, le Sénégal est secoué par de nombreuses contestations et de manifestions. Des potentiels candidats ont été éliminé à l’une des étapes cruciale : celle du parrainage avec la fameuse question du doublon.

L'état du Sénégal, particulièrement la Direction des Élections sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, a tenu à appliquer la loi sur le parrainage malgré le désaccord de certains acteurs politiques et l'avis de la Cour de Justice de la CEDEAO sur la question. Dans un arrêt rendu le 28 avril 2021, cette dernière a estimé que le système de parrainage adopté pour la présidentielle de 2019 « viole le droit de libre participation aux élections ». Suite à cela, elle a imposé un délai de six mois au Sénégal pour supprimer cette loi.

Toujours selon l’État : « Les formations politiques et les citoyens du Sénégal qui ne peuvent se présenter aux élections du fait de la modification de la loi électorale de 2018, doivent être rétablis dans leurs droits par la suppression du système de parrainage, qui constitue un véritable obstacle à la liberté et au secret de l’exercice du droit de vote, d’une part, et une sérieuse atteinte au droit de participer aux élections en tant que candidat, d’autre part ».

Après l'étape des parrainages, les discussions concernant les validations de listes départementales et nationales surviennent. La question de la parité, une loi votée en 2010, n'a pas été respectée dans la constitution des listes par les deux plus grandes coalitions politiques du pays, ainsi que la non-éligibilité prévue par le code. Cela a donc porté préjudice à la liste nationale des titulaires de la grande coalition de l'opposition Yewwi Askan Wi.

Les deux coalitions, Benno Bok Yaakar (la majorité présidentielle) et Yewwi Askan Wi (l'opposition) ont déposé des listes qui ne respectaient pas l'ordre aléatoire homme/femme comme l’exige la loi.

Suite à cela la liste titulaire nationale de Yaw avec Ousmane Sonko, leader charismatique de l'opposition, a été refusée et remplacée par celle des suppléants. De même, la liste des suppléants nationale de la majorité présidentielle n'a pas été validée.

C’est ainsi que la période préélectorale se traduit par une crise politique en plus de la crise sociale qui habite le pays depuis deux ans. Les événements survenus en mars 2021 traduisaient l'expression des frustrations d'une partie de la population. La figure d’Ousmane Sonko qui était le prétexte de libération du « ral bol de la jeunesse » incarne encore le leadership de cette opposition contestataire du jeu démocratique.

Le malaise de la jeunesse, les difficultés économiques, la pauvreté et le chômage ne peuvent résister à une crise politique en vue de joutes électorales. Un tel état de fait ne s'est jamais produit au Sénégal, même si politiquement le pays a vécu des tensions à l'approche d'élections déterminantes. Voir les listes nationales des plus grandes coalitions rejetées à cause du non-respect du code électoral est un évènement historique. Une telle situation interpelle les acteurs politiques sur le travail préalable à faire avec rigueur.

Suite à différentes réclamations, le Conseil constitutionnel a malheureusement donné raison à la direction des élections. L'unique solution pour l'opposition était de contester cette décision grâce à la presse ou via des manifestations de sit-in. L’une d’elles, qui s'est déroulée le 17 juin, comptabilise 3 morts, des dizaines d'arrestations et de blessés.

C'est dans ce contexte qu'Alioune Tine, fondateur d’Africa Jom Center déclare : « Pour la première fois au Sénégal, nous vivons un lourd contentieux préélectoral, au moment même des dépôts de candidatures. En écartant la liste nationale des candidats de la coalition d'opposition Yewwi Askan Wi au profit de suppléants, le Conseil constitutionnel a échoué dans la mise en place d'élections apaisées et apaisantes ».

Suite à cela, l'opposition radicale accepte d'aller aux élections sans les grands leaders de la coalition YAW.

Cependant, il faut noter que le Conseil constitutionnel a validé huit autres listes nationales dont sept de l'opposition. Parmi celles-ci, se trouve celle de la coalition Alternative pour une Assemblée de Rupture « AAR Sénégal » avec le leader Thierno Alassane Sall, ancien ministre du gouvernement du Président Macky Sall. Cette coalition d'hommes et de femmes qui souhaitent incarner un troisième pôle appelé « la troisième voie » prétend opérer une rupture avec certaines pratiques politiques.

Ainsi, la campagne démarre en pleine tension sociale et politique. La crise économique, éducative et sanitaire ont des conséquences négatives sur le quotidien des Sénégalais. La pénurie d'essence et la reprise des coupures suscitent également chez les Sénégalais un grand désespoir.

Telle est donc la situation actuelle du Sénégal à la veille des élections législatives du 31 juillet 2022, qui doivent répondre aux préoccupations des Sénégalais. De fait, ces dernières a pour objectif de renouveler l’Assemblée nationale pour un mandat de 5 ans, un rendez-vous républicain conforme au calendrier institutionnel et aux exigences de la vie démocratique.

Qui va convaincre les Sénégalais ? La démocratie sénégalaise criée depuis des années connaîtra-t-elle un nouveau triomphe ? La « troisième voie » aura-t-elle sa chance dans un pays où les partis traditionnels restent des éléments-clés du jeu politique ?

Please publish modules in offcanvas position.