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La nouvelle vague de Covid-19 sera-t-elle moins meurtrière

La nouvelle vague de Covid-19 sera-t-elle moins meurtrière

La nouvelle vague de Covid-19 sera-t-elle moins meurtrière

/ Santé / Monday, 26 October 2020 12:03

Par  Dr Léonard NDUWAYO 

Elle n’était pas souhaitée ni attendue mais redoutée, la deuxième vague est bel et bien là et bien installée. Après une accalmie estivale pendant laquelle les gens se sont lâchés surtout les jeunes qui en ont profité pour faire la fête après le confinement (plages, restaurants, bars, discothèques), la vague épidémique est repartie. Mais la connaissance du mode de contamination du SARS Cov-2 responsable de la Covid-19, les mesures barrières bien rodées, l’augmentation du nombre de lits et la disponibilité du matériel d’assistance respiratoire dans les services de réanimation qui étaient insuffisants pendant la première vague, feront que la seconde vague entraîne moins de dégâts humains.  

Les leçons de la première vague  

Selon une étude internationale publiée le 14 octobre 2020 dans la revue Nature (1), la première vague de Covid-19, entre fin janvier et fin mai 2020, a entraîné une surmortalité de 206 000 décès dans 21 pays industrialisés (19 en Europe, plus l’Australie et la Nouvelle-Zélande). L’étude conclut que les pays qui ont le moins investi dans leur système de santé, sont aussi ceux qui ont connu la plus importante surmortalité. Les auteurs ajoutent que les pays qui s’en sont le mieux sortis durant la première vague, sont ceux qui ont pu mettre en place rapidement une politique efficace de tests et de traçage des cas contacts. Ils ont pointé le doigt sur les systèmes de santé dans le monde en précisant que les États dont les systèmes de santé sont bien financés ont aussi traversé cette période en enregistrant beaucoup moins de décès toutes causes confondues. Dans ce travail comparatif, les auteurs avouent les limites de leur étude car certains grands pays notamment les États-Unis d’Amérique, l’Allemagne, la Corée du Sud et la Grèce manquent à l’appel. Les auteurs donnent comme explication notamment en ce qui concerne les États-Unis d’Amérique, pays qui a enregistré le plus de morts depuis le début de la pandémie (2) que la grande variété de politiques sanitaires mises en œuvre et la manière de collecter les informations dans les différents États rendaient difficiles d’avoir des données unifiées. Dans le cas de l’Allemagne, ils soulignent  le même problème avec ses 16 Länders. Les auteurs lancent également une pique vis-à-vis des décideurs politiques en soulignant que le confinement doit rester la solution de dernier recours quand les autres politiques ont échoué. Un des principaux auteurs de l’étude ajoute dans une interview, que «  la leçon des premiers mois de la pandémie est qu’au-delà des mesures d’urgence à prendre pour faire face à la deuxième vague, il est impératif de se focaliser sur les investissements à long terme dans les systèmes de santé nationaux, et surtout, d’éviter de chercher à faire des économies sur le dos des hôpitaux lorsqu’il sera de nouveau question de réduire les déficits». Il faut rappeler que même si le recours au confinement pendant la première vague a été bénéfique, il a entraîné des dégâts collatéraux tels que la fermeture des aéroports et des entreprises dont certaines ne seront peut-être jamais récupérées, la perte d’emplois, les conflits familiaux, les suicides, les décès liés aux autres pathologies par manque de soins car la Covid-19 a presque tout monopolisé.  

Les hôpitaux mieux préparés pour la deuxième vague 

Certains pays ont pris des mesures drastiques pour contenir la propagation du SARS Cov-2 après une accalmie estivale : fermeture des bars et restaurants, couvre-feu décrété le soir, port de masques obligatoires dans les lieux clos et à l’extérieur dans certaines grandes villes. Mais outre ces mesures contraignantes pour les populations, nos hôpitaux sont mieux armés pour affronter cette pandémie que lors de la première vague. Même si sur le plan thérapeutique il n’y a pas encore de médicament ni de vaccin validé pour le moment contre le coronavirus, quelques traitements pour aider l’organisme à mieux résister au virus se sont révélé efficaces. Il s’agit notamment des corticoïdes et des anticoagulants pour fluidifier le sang et éviter les embolies pulmonaires. Les services de réanimation sont également mieux équipés en machines qui ont manqué pendant la première vague. Les soins de nursing ont également évolué pour prévenir les complications en cas d’alitement prolongé.  

Depuis l’arrivée de la deuxième vague, les secteurs Covid qui avaient été fermés ont été réactivés avec du personnel soignant mieux formé. La création de ces secteurs d’hospitalisation dédiés aux patients atteints de Covid-19 uniquement vont permettre de poursuivre les soins aux autres patients non Covid qui ont été délaissés pendant la première vague.  

Enfin, le monde devrait se préparer petit à petit à apprendre à co-habiter avec ce virus dont on ne connait pas encore toutes les facettes ni la périodicité. Restera-t-il ubiquitaire comme le VIH qu’on connait depuis 1983 ou la grippe saisonnière? L’avenir nous le dira.  

 

Référence : 

 

1. Vasilis Kontis, James E. Bennett et al. Magnitude, demographics and dynamics of the effect of the first wave of the COVID-19 pandemic on all-cause mortality in 21 industrialized countries. Nature Medicine, 14 october 2020. https://www.nature.com/articles/s41591-020-1112-0#Sec14 

  1. Décès liés à la Covid-19 aux Etats Unis d’Amérique : 220058 décès sur 8255375 cas de contamination. Total dans le monde : 1118635 décès sur 40425663 cas contaminés. Données du 20/10/2020.Source :John Hopkins University, Baltimore, Maryland, USA. 

 

Dr Léonard NDUWAYO 

Chef du Pôle de Prévention et d’Education du patient 

Groupe hospitalier public du Sud de l’Oise (GHPSO) 

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