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Le vaccin contre le SARS Cov-2, effet d’annonce ou véritable espoir pour l’humanité ?

Le vaccin contre le SARS Cov-2, effet d’annonce ou véritable espoir pour l’humanité ?

Le vaccin contre le SARS Cov-2, effet d’annonce ou véritable espoir pour l’humanité ?

/ Santé / Tuesday, 17 November 2020 22:20

Par Dr Léonard NDUWAYO

Chef du Pôle de Prévention et d’Education du Patient

Groupe Hospitalier Public Sud de l’Oise (GHPSO), France

Le géant pharmaceutique américain Pfizer en collaboration avec le laboratoire allemand BioNTech ont annoncé en grande pompe médiatique le 9 novembre 2020, la découverte d’un vaccin contre la Covid-19, dénommé BNT162b2. Selon le communiqué, ce vaccin serait efficace à 90 %. Alors que les essais cliniques ne sont encore qu’au stade 3, étape qui précède la demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM), l’Union européenne, les Etas Unis d’Amérique et le Royaume Uni ont déjà commandé des millions de doses. Les 90 % de protection vantés par les communicants de Pfizer et BioNTech ont provoqué un emballement politique et financier sur les marchés boursiers. Mais au-delà des effets d’annonce, que sait-on de ce vaccin dont le concept de développement est d’un genre nouveau, un vaccin à ARN messager?

Rappel de chimie élémentaire pour comprendre ce vaccin à ARN 

L’ARN (Acide ribonucléique) et l’ADN (Acide désoxyribonucléique) sont des molécules qui sont présentes dans nos cellules. L’ADN porte notre patrimoine génétique, hérédité de nos parents, chaque cellule transmettant précieusement ce patrimoine aux deux cellules filles à qui elle donne naissance quand elle se divise. Les molécules d’ARN sont synthétisées à partir de fragments d’ADN (on parle de transcription), en particulier à partir des gènes. Elles sont ensuite utilisées pour fabriquer des protéines (c’est la phase de traduction) nécessaires au fonctionnement des cellules.

L’ADN est dit « bicaténaire » avec deux brins disposés en double hélice et l’ARN est dit « monocaténaire » avec une seule hélice. Ils sont constitués de molécules qu’on appelle des bases nucléiques (A, T, C,G pour l’ADN et A,U,C,G pour l’ARN). Dans l’ARN, la Tyramine (T) se trouvant dans l’ADN est remplacée par l’Uracile (U), le reste identique. Ces bases nucléiques sont attachées à des sucres, désoxyribose pour l’ADN et ribose pour l’ARN. L’association entre la base nucléique et le sucre donne lieu à une molécule appelée nucléoside ou acide nucléique. Si on ajoute à ce complexe du phosphate (phosphorylation), il devient le nucléotide ou acide nucléique avec des propriétés acides. Il existe des virus simple brin ADN, simple brin ARN, double brin ADN et double brin ARN, linéaire ou circulaire. Ces caractéristiques sont utilisées pour classer les différents virus.

Les coronavirus sont des virus à ARN. Ils doivent leur nom à l’apparence de leurs particules virales, portant des excroissances qui évoquent une couronne. Les petites sphères contiennent un ARN monocaténaire, linéaire. Cet ARN se réplique dans le cytoplasme. Les virus à ARN ont l’avantage de ne pas avoir besoin de pénétrer dans le noyau des cellules pour pouvoir se répliquer. Ils restent dans le cytoplasme et utilisent leur propre système pour se répliquer. Les ARN traduisent l'information génétique en protéines : ce sont donc les agents de l'expression génétique chez la plupart des êtres vivants. Si l'ADN est le support de l'hérédité, c'est l'ARN, qui est généralement utilisé dans les cellules comme intermédiaire des gènes pour fabriquer les protéines dont elles ont besoin. L'ARN intervient aussi dans nombre de réactions chimiques de la cellule. Mais tous les gènes ne sont pas transcrits en permanence en ARN. Le choix dépend des besoins de la cellule en question. Si le séquençage du génome (ensemble des gènes portés par l’ADN) permet de connaitre la nature des mutations susceptibles d’être transmises de cellules mères en cellules filles, l’exploration du transcriptome (ensemble des ARN) informe sur les gènes qui s’expriment à un moment donné dans une cellule ou dans un tissu donné.

En biologie moléculaire, la transcription est la première étape de l’expression génique basée sur l’ADN, au cours de laquelle un segment d’ADN est copié en ARN par une enzyme appelée ARN polymérase qui catalyse la synthèse de l’ARN. L’ARN pré-messager ainsi mature devient ARM messager qui est ensuite exporté vers le cytoplasme via les pores nucléaires. La traduction de l’ARN messager en protéine a lieu dans le cytoplasme au niveau des ribosomes et nécessite la présence d’ARN de transfert qui est synthétisé dans le noyau.

BNT162b2, vaccin à ARN messager

Jusque maintenant, les vaccins étaient développés à partir de virus inactivé ou recombiné. L’organisme détecte la présence du virus non pathogène présent dans le vaccin inoculé et fabrique des anticorps qui le protègent contre un virus pathogène de même nature qui tenterait de l’agresser. Le nouveau concept de vaccin à ARN consiste à injecter dans l’organisme une fraction du code génétique du SARS Cov-2, appelée ARN messager. La molécule doit provoquer la production d’une protéine du virus, puis des anticorps. Cette technique n’avait pas encore été utilisée chez l’homme.

Les scientifiques restent sceptiques sur ce BNT162b2, car le chiffre de 90 % d’efficacité semble surréaliste et l’échantillon reste faible. En effet les 90 % d’efficacité rapportés correspondent à la protection observée sur un échantillon de participants à la phase 3 de l’essai clinique, 28 jours après la première injection du vaccin et 7 jours après la deuxième. 43000 personnes participent à l’essai clinique et il n’y a pas encore de publication dans une quelconque revue scientifique. La moitié de ces personnes a reçu deux injections du BNT162b2, et l’autre un placebo. C’est ce qu’on appelle en termes de recherche clinique, un essai en double aveugle versus placebo. Rappelons que le vaccin contre la grippe ne protège qu’entre 40 et 60 % et celui de la rougeole à 80 %.

D’autres vaccins contre le SARS Cov-2 sont en cours de développement dans d’autres pays notamment en Chine, aux Etats Unis d’Amérique, en France, au Royaume Uni et en Russie.

L’OMS met régulièrement à jour un tableau qui répertorie tous les candidats-vaccins contre la Covid-19. Consultable en ligne (en anglais), celui-ci classe les projets en deux catégories : 156 sont à ce jour en études précliniques, et 42 ont entamé les phases de tests sur l’humain. Mais de nombreux observateurs continuent à alerter l’opinion face aux possibles intérêts mercantiles de nombreux laboratoires pharmaceutiques qui font la course pour être les premiers à conquérir un marché mondial colossal potentiel.

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