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Difficile d’exercer la liberté de la presse en Afrique  

Difficile d’exercer la liberté de la presse en Afrique  

Difficile d’exercer la liberté de la presse en Afrique  

/ SOCIETE / Friday, 20 November 2020 09:16

Par Jean Paul HABIMANA 

 De fait, la presse africaine, à l’exception de celle du Maghreb et de l’Afrique du sud est relativement jeune et donc marquée par les insuffisances et les erreurs de jeunesse. Peut-être convient-il de rappeler que dans les années 90, suite au fameux « discours de la Boule » adressé par le Chef de L’Etat Français Mitterrand aux Chefs d’Etats de l’Afrique francophone, il y eut un frémissement qui contraignit les derniers à entreprendre timidement quelques réformes politiques. Des conférences nationales souveraines ont abouti ici à la liquidation des partis uniques et à la réalisation de régimes partiellement démocratisés. Paradoxalement, cette soudaine éclosion du multipartisme et l’apparition des médias privés correspondit à une période de graves violations des droits de l’homme et au non respect des libertés de la presse dans la plupart des pays africains subsahariens. Véritablement pris à la gorge par tristement célèbres institutions de Bretton Woods(Banque Mondiale et Fonds Monétaire International) et leurs redoutables et périlleux PASS Programmes d’Ajustement Structurel) les gouvernements africains n’osent point braver ces menaçants organismes financiers qui s’opposaient à toutes dépenses visant à réaliser les réformes indispensables  dont celles comprenant le financement d’une presse indépendante . Manquant de ressources financières, des moyens techniques et de compétences professionnelles, végétant et vivotant dans l’impécuniosité et le dénuement, la presse africaine, dans la plupart des cas, ne peut remplir ses missions essentielles.  

Un spécialiste des médias déclarait récemment : « Parler aujourd’hui de la presse écrite et de la démocratie dans les pays africains c’est décrire une presse à majorité artisanale et démunie en plein siècle de révolution technologique de l’information  et de la mondialisation de l’économie ; c’est profiler les journalistes héroïques et sans moyens, faisant le martyre et la misère dans leur vécu quotidien professionnel. C’est analyser des pouvoirs d’Etats pris en étau entre les aspirations des citoyens à une complète liberté d’expression et la volonté des gouvernements de la  restreindre sous prétexte de satisfaire les soi-disant conditions contractuelles posées par des partenaires du développement »  Il n’est pas donc point étonnant des journalistes mal formés , nécessiteux et faméliques, véritables crève -la-faim, soient les proies désignées, pour les hommes sans scrupules qui, moyennant une vile et insignifiante rétribution, les entraînements à se méconduire et à trahir leur profession. En effet, des hommes ainsi affaiblis, physiquement et moralement, sont prêts à toutes les compromissions  et à tous les errements. Ce sont eux qui exacerbent les haines, attisent les conflits latents qui déclenchent les rébellions, les pogromes, les guerres civiles et les génocides. Ce fut le cas à la fin du siècle dernier ; rappelons les horribles actions des «  médias de la haine » notamment la « Radio Télévision des Milles Collines », le journal « Kangura » (réveille-toi) crées par les extrémistes Hutu au Rwanda  et  la  « Radio Rutomorangingo », le journal « Carrefour »crées aussi par les extrémistes Hutu au Burundi. Ailleurs, les hommes du pouvoir harcellent, menacent, emprisonnent et parfois tuent les journalistes de l’opposition. Pour une peccadille, on en arrête d’autres que l’on torture impunément dans les commissariats de police et les brigades de gendarmerie, non sans avoir détruit leurs équipements professionnels pour les empêcher d’exercer leur métier.  

          En Côte d’Ivoire par exemple, les dérives et les désinformations de la presse ont culminé dans l’exacerbation des tensions sociales et abouti à la crise politique et militaire que tout le monde sait. C’est encore le non respect de la liberté de la presse et la violation des droits de l’homme qui ont conduit à l’assassinat du journaliste de nationalité française et canadienne Guy André   Kieffer à Abidjan. La liste des dérives et des crimes d’Etats dont les journalistes ivoiriens ont été les victimes est inépuisable. Résumons la situation en retenant l’essentiel : les journalistes ivoiriens exercent leur métier dans un environnement sociopolitique extrêmement défavorable et dangereux. Le pouvoir en place viole délibérément les droits de l’homme et les libertés fondamentales. N’étant pas justement rémunérés, les professionnels des médias, besogneux et impécunieux sont exposés à toutes les tentations  et cèdent facilement à la corruption. La plupart des journalistes, sans formation et base suffisante  ou formés sur le tas dans des mauvaises conditions d’études ignorent leurs droits et leurs devoirs et commettent de ce fait erreurs ou des fautes dont les autorités politiques tirent argument pour sévir.  

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