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Développement durable  - Endettement et variable Covid 

Développement durable  - Endettement et variable Covid 

Développement durable  - Endettement et variable Covid 

/ SOCIETE / Tuesday, 24 November 2020 15:51

 Par Sneiba Mohamed   

Source : photo du site Iwaria 

 

La question de la dette est une problématique de premier plan en ces temps de crises multiformes aggravées par la pandémie du Covid-19. Pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, dont la Mauritanie, tentent de convaincre les créanciers que l’annulation de la dette est un choix envisageable pour favoriser la relance de l’économie mondiale. 

 

Au nom des pays du G5 Sahel, la Mauritanie saisit toutes opportunités qui s’offre à elle (forum de Dakar, sommets de Nouakchott, de Pau et de Ouagadougou, partenariat de coopération « Africa-Med-Europa », etc.) pour demander l’annulation d’une dette africaine qui, bien que relativement modeste à l’échelle de l’économie mondiale (360 milliards dont 40% dus à la Chine) plombent la croissance de ces pays en cette période d’incertitude et de crainte de seconde vague de la pandémie du Covid-19. 

Soutenu par la France qui avait commencé par demander un moratoire sur la dette, l’appel à l’annulation est une option de bon sens, si l’on veut maintenir la viabilité de l’Afrique comme un marché pour les économies développées. « Annuler massivement », comme le préconise désormais le président Macron, paraît être un bon risque pour qui veut maintenir la viabilité de ces marchés. Avec 151 milliards d’euros d’exportations et 152 milliards d’importations en 2018, le déficit commercial de l’Afrique envers l’UE était d’un milliard d’euros en 2018, alors que deux ans auparavant, en 2016, il était de 26 milliards d’euros. Si le déficit semble se résorber depuis deux ans, la situation était à l’excédent depuis 2008. La Chine, qui est le premier partenaire commercial du continent africain, avec 208 milliards de dollars US (175,6 milliards d’euros) d’échanges en 2018, renforce sa présence par la nouvelle route de la soie, ou l’initiative One Belt, One Road. 

Mais pour continuer à importer vers l’Afrique denrées alimentaires, machines et véhicules, produits chimiques, ressources énergétiques, produits manufacturés, les pays industrialisés doivent accepter des sacrifices nécessaires à la croissance. La décroissance vue comme une « réduction de la production dans un objectif de développement durable et de préservation de l’environnement », et qui n’est pas une option choisie par les pays industrialisés, prendra alors la forme d’une récession de même amplitude que celle de 2008 ou même de 1929. 

L’avis d’institutions comme la Banque mondiale et le FMI devraient être déterminant pour voir la faisabilité de la requête présentée par plusieurs chefs d’Etat africains pour l’annulation d’une dette exacerbée par une pandémie « inédite, dévastatrice, implacable » et qui, « quel que soit l’adjectif utilisé pour la décrire (…), a bouleversé la vie de plusieurs milliards de personnes dans le monde » et « elle va laisser des traces pendant des décennies. »  

En cela, les projections du Groupe de la Banque mondiale pour l’année 2021 font froid dans le dos : l’économie mondiale devrait reculer de 5,2 %, ce qui représente la plus forte récession planétaire depuis 1998 ; l’extrême pauvreté va repartir à la hausse pour la première fois depuis 20 ans, au détriment de 100 millions de personnes ; le nombre d’habitants en situation d’insécurité alimentaire va doubler. 

 

La pandémie crée une situation particulière 

 

Pour la Banque mondiale, « cerner l’ampleur de cette crise et ce que l’avenir nous réserve est un véritable défi. Et ce d’autant plus que, outre le coronavirus, les pays doivent mener bien d’autres combats sur le front du développement. De l’Afrique à l’Asie du Sud en passant par le Moyen-Orient, de nombreux pays ont été frappés par des invasions de criquets pèlerins dévastatrices. Un grand nombre de régions du monde sont en proie aux conflits et aux violences, tandis que le changement climatique met en péril les moyens de subsistance de millions de personnes et que, en matière de santé, la malnutrition, mais aussi l’obésité ne sont que deux exemples des fléaux qui menacent les pays en développement. » 

.En plus de la question récurrente de la dette, le sujet largement débattu est celui du développement durable en Afrique. 

L’endettement général du continent se situe à 45% du PIB, contre un taux de 55% qui est la moyenne dans le monde. Seuls 17 pays sur 54 sont considérés aujourd’hui comme dans une zone critique permettant de dire qu’ils sont en situation de surendettement, mais la pandémie du coronavirus crée une situation particulière où penser les perspectives économiques recouvre en tous points cette idée d’avenir incertain. Le seuil de tolérance pour la soutenabilité de la dette, par exemple, dans la limite de 17 à 20% des recettes fiscales d’un pays, en temps normal, est sans doute faussé aujourd’hui par la « variable » Covid-19. Une réalité dont il faut tenir compte pour tout le continent, même si la soutenabilité de la dette est relative puisqu’elle s’évalue à partir de la capacité d’un pays de lever des fonds (avec une préférence pour l’emprunt privé) et de rembourser sans s’essouffler. 

Pour l’Afrique, l’intérêt évident est d’avoir posé la question non pas du point de vue des puissances économiques et des institutions de BrettonWoods (FMI et Banque mondiale) mais de celui des pays objets (de la dette) voulant reconvertir leur statut en celui de sujet agissant pour trouver ce « juste équilibre » nécessaire pour que l’emprunt profite, véritablement, au développement durable du continent mais ne constitue pas un frein à ses ambitions pour combler son retard économique et social. 

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