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Que dire de l’homosexualité au Kivu ? 

Que dire de l’homosexualité au Kivu ? 

Que dire de l’homosexualité au Kivu ? 

/ SOCIETE / Tuesday, 26 January 2021 13:29
Par Gloire Malthus

« Le premier jour, Patrick m’a appelé pour un dîner à Oryx, dans la ville de Goma. Il sait que je suis bien à l’aise autour d’un verre alors il m’en a payé plusieurs. Le lendemain, il a continué et a fini par nous payer une chambre d’une maison de passage. Il a prétexté qu’il était trop tard pour rentrer chez soi, la nuit était déjà tombée. J’ai compris ce qu’il voulait quand il a vivement insisté pour me faire une fellation. J’ai décidé de quitter mon enseignant de religion dès que j’ai appris que c’était un homosexuel » témoigne Lambert KAMBALE (nom d’emprunt), un jeune de Goma qui dit être conscient de la réalité depuis quelques semaines maintenant.

Dans la région où plus de 400 ethnies cohabitent, les considérations sur l’homosexualité divergent, mais de façon générale, elle est presque partout perçue comme une déviation de la nature. À cause des clichés et des préjugés, les personnes homosexuelles sont souvent menacées. Internet semble alors être le seul lieu de rencontre dans les agglomérations urbaines, bien que cela soit également risqué. C’est donc en cachette que ces hommes et ces femmes doivent vivre leur amour et leur sexualité.

Dans les différentes tribus de la sous-région de Grands-Lacs, surtout au Kivu en République démocratique du Congo, on s’en tient au rôle social entre l’homme et la femme qui se transmet aux générations : «  Le sexe trouve ses valeurs selon le genre. Le sexe masculin et le féminin permettent de donner naissance à un enfant. Ce dernier, dans nos familles, est un élément précieux à soigner. C’est grâce à lui que plus tard, la famille pourra s’agrandir. Cependant, celle-ci ne peut se construire que par l’alliance entre deux personnes de sexe opposées venant de deux familles différentes issues de divers clans. S’il advient que l’enfant d’une famille est homosexuel, c’est une honte pour la famille et pour le clan. Être homosexuel est un signe de débilité sociale, qui fait perdre au déviant ses valeurs sociales, économique. » explique Edmond KIBESI, gardien de Coutume du Bushenge (Barza) Hunde, dans le territoire de Rutshuru, l’une de 7 entités administratives que compte la province du Nord-Kivu.

Dans le Groupement Mupfunyi Shanga, en territoire de Masisi, à plus ou moins 54 kilomètres de la ville de Goma, Nicolas KALINDA KIBANDJA confie que l’homosexualité est un sujet tabou. De plus, l’homosexualité a également des conséquences sur l’oncle maternel et la tante paternel, qui subissent aussi des sanctions sociales et coutumières dans la communauté : « Notre entité n’a, à moins que je ne me trompe, enregistré aucun chiffre de mariage de couples homosexuels. Chez-nous, la différence de sexe est de mise. L’enfant de sexe masculin est signe de continuité de la famille et de responsabilité. Quant au sexe féminin, son rôle est de donner la richesse durable, matérielle et sociale. Elle représente l’unité, la paix et donne naissance à de nouvelles vies par sa fertilité. Pendant et après le mariage, l’homosexualité est bannie»

C’est aussi le cas de la commune de Karisimbi. Dans la ville de Goma où le Bourgmestre adjoint, Michigan SEBAKUNZI confie qu’une union entre deux personnes qui seraient du même sexe, n’est pas envisageable.

Le Centre Neuropsychiatrique de Goma récence depuis les années 90 des cas de troubles mentaux de rares cas d’homosexualité présentés venant de la communauté : « La réalité est telle que l’homosexualité dans nos différentes communauté est encore mal comprise comme c’est le cas pour la notion de suicide. Pire encore, mis à part que les personnes homosexuels sont frappé par des interdits sociaux et légaux, la stigmatisation intervient et provoque souvent des manifestations telles que les grèves de faims et autres, jusqu’à ce que le patient se donne la mort » confie un infirmier neuropsychiatre du centre.

Plusieurs organisations de défense de droit de l’Homme abordent, quant à elles, la question avec des pincettes au vu la situation au Congo. En effet, rares sont les personnes qui appellent l’homosexualité par son nom, elles préfèrent plutôt aborder les questions de harcèlement sexuel et d’autres violences basées sur le genre. 

Il n’en demeure pas moins que la loi congolaise reste stricte : l’homosexualité est interdite. Le code de la famille pose de nombreuses conditions au Congo, notamment pour le mariage : l’impuberté, la monogamie, le payement de la dot et l’union des personnes de sexe différent doivent être respectés. « Le code de la famille congolais ne prévoit pas expressément l’union entre deux époux de même sexe. Ce code découle du caractère d’ordre public. » précise le Professeur Eddy MWANZO enseignant de Droit Civil au sein de différentes universités de la République démocratique du Congo.

Cette condition de l’article 330 du code la famille congolaise est renforcée par l’Article 40 de la constitution de la RDC de 2018, qui précise que le mariage se fait avec une personne de sexe opposé uniquement : « Tout individu a le droit de se marier avec la personne de son choix, de sexe opposé, et de fonder une famille  » martèle la loi suprême du pays, qui se voit renforcer par des dispositions pénales, qui n’excluent pas la peine de servitude.

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