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Le droit à l’avortement en Afrique : quel avenir pour le continent à la suite de la décision de la Cour suprême américaine ?

Le droit à l’avortement en Afrique : quel avenir pour le continent à la suite de la décision de la Cour suprême américaine ?

Le droit à l’avortement en Afrique : quel avenir pour le continent à la suite de la décision de la Cour suprême américaine ?

/ SOCIETE / Thursday, 14 July 2022 12:05

Par Maud Marcelin

Si la Cour suprême américaine a mis un terme à la protection fédéral du droit à l’avortement aux États-Unis, ce dernier demeure majoritairement restrictif et illégal sur le continent africain. Malgré un progrès significatif dans de nombreux pays, le Bénin fait partie des rares pays à légaliser ce geste médical à la suite du vote de l’Assemblée nationale le 21 octobre dernier, visant à sauver la vie de centaines de femmes. Le ministre de la Santé du Bénin, Benjamin Hounkpatin, déclare à ce propos : « Nous voulons soulager la peine de nombreuses femmes, qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se retrouvent obligées de mettre leurs vies en jeu avec des pratiques d’interruption de grossesse dans des conditions non sécurisées ».

Ces conditions dites non sécurisées, la majorité des pays d’Afrique, comme le Sénégal et la République démocratique du Congo, les connaissent : les pratiques clandestines sont monnaie courante et portent atteintes à la santé des femmes. À Kinshasa, par exemple, selon les chiffres donnés par Médecins du Monde (MdM), 60% des grossesses ne sont pas désirées, la moitié d’entre elles se font dans des conditions compliquées et causent 20% de la mortalité maternelle.

Pour aider les Africaines, diverses associations telles que l’ODAS (Organisation pour le Dialogue pour l’Avortement Sécurisé en Afrique Francophone) ainsi que de nombreux mouvements féministes, tentent de briser le tabou autour de l’avortement, de distribuer des moyens contraceptifs et d’aider les femmes à avorter dans des conditions optimales grâce à différents partenariats.

L’augmentation du budget associatif consacré à cette lutte montre cependant une réelle peur de subir de nouvelles restrictions comme les États-Unis : « Ce que nous craignons en tant que féministe africaine, c’est que cette décision de la Cour suprême des États-Unis pousse les États africains à également durcir la loi sur le droit à l’avortement » déclare Désirée Dénéo, la secrétaire générale de la Ligue ivoirienne des droits des femmes. En effet, malgré le côté conservateur de l’Afrique, la Côte d’Ivoire, le Congo-Brazzaville ou encore Madagascar, se battent depuis plusieurs mois pour la dépénalisation de l’avortement et l’assouplissement des lois en vigueur afin de permettre l’interruption de grossesse thérapeutique, c’est-à-dire en cas de risque médical, d’inceste ou de viol : « Pour Madagascar, on est encore à des années-lumière. Il s’agit de sauver des vies, même dans les cas extrêmes de l’interruption thérapeutique de la grossesse. Il n’y a pas de petit pays ou de grand pays. Le combat reste le même pour la femme, autant que nous allons soutenir nos sœurs américaines vont soutenir Madagascar » affirme Mbolatiana Raveloarimisa, féministe africaine.

Si les droits des femmes ne sont jamais acquis, le combat perdure et doit perdurer jusqu’à ce que cette loi pour libéraliser les IVG soit adoptée. L’adhésion de l’opinion publique augmente considérablement ces dernières semaines, de nombreux élus africains se sont déclarés en faveur d’une modification de loi, ce qui donne bonne espoir pour les africaines.

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