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L’IVG épicentre du genre

L’IVG épicentre du genre

L’IVG épicentre du genre

/ SOCIETE / Friday, 05 May 2023 20:18
Par Dr Danielle Choucroun 

L’acronyme IVG, utilisé en France pour désigner la procédure d’interruption d’une grossesse évolutive, déclenche immédiatement l’émotion.

Il est aisé d’observer que l’émotion ainsi déclenchée par ces trois lettres réduit immédiatement le débat à la constitution de deux clans pro et anti qui s’affrontent.

La réalité de la consultation est cependant différente et interroge suivant trois axes.

1) le terme « volontaire » est remis en question par les requérantes de cette démarche : sans même qu’il leur soit demandé, la personne demandant une interruption de grossesse, s’exprime souvent sur les circonstances qui l’amènent à faire ce choix. Sont fréquemment citées les causes économiques, pas d’emploi ou à l’inverse nouvel emploi, la situation familiale ou conjugale perçue comme défavorable à la poursuite de la grossesse, la maladie chronique susceptible d’aggravation, d’autres causes.

Le terme « volontaire », a priori employé pour favoriser la personne concernée dans le sens de l’empowerment, est vécu comme un fardeau supplémentaire à la procédure ou tout simplement contesté.

La demande d’interruption de grossesse évolutive prend donc l’allure d’un fait social, à savoir une manière de faire qui s’impose à l’individu, à un moment donné, dans un environnement sociétal défini.

Le rôle de nos institutions républicaines est bien d’accompagner les personnes concernées et de réglementer les pratiques, ainsi qu’il est fait pour toutes les autres situations de la vie courante survenant en démocratie tels les pacs, mariages, naissances et décès.

2) l’émotion des désignations IVG, abortion, abortus ou encore abtreibung, demande d’interruption d’une grossesse évolutive, interfère sur la biologie.

Effectivement, en biologie le terme avortement désigne l’expulsion d’un fœtus non viable, et par conséquent, au Royaume-Uni ou aux Pays-Bas, l’avortement est pratiqué jusqu’à 24 semaines d’aménorrhée, terme au-delà duquel le fœtus est considéré comme viable.

Comment est-ce donc possible d’utiliser le terme avortement, légèrement euphémisé par l’acronyme IVG, à propos de l’interruption de grossesse lorsqu’il n’y a pas encore de fœtus, c’est-à-dire avant 8 semaines de grossesse, à l’encontre de la terminologie biologique ? Et ce d’autant qu’une interruption de grossesse précoce requiert des moyens médicaux différents, et comporte des risques très différents variant avec le terme de la grossesse et les protocoles médicaux ou chirurgicaux requis.

Pour faire suite à ces évidences, le terme « contragestion » est proposé pour définir l’interruption de grossesse précoce, avant huit semaines de grossesse, donc conformément à la terminologie biologique qui définit l’avortement comme l’expulsion d’un fœtus non viable, ce qu’il semble utile de répéter. Rappelons également qu’en biologie, la vie est définie par la naissance, et non par la fécondation, cela étant le cas pour certaines croyances religieuses.

Pour conclure cette mise en exergue des effets de l’émotion sur les perceptions et les cognitions, entravant les observations biologiques, il est évident qu’avaler au cabinet médical ou chez soi les comprimés efficaces pour stopper une grossesse précoce, et se rendre aux Pays-Bas pour effectuer une intervention chirurgicale retirant un fœtus de quelques centaines de grammes sont des évènements de vie tout à fait différents. Des mots différents doivent donc être employés pour permettre aux personnes concernées d’élaborer leur démarche de façon juste et équitable.

3) Et le partenaire masculin ?  L’émotion induit à son endroit la confusion entre le droit et la biologie. Au motif que la personne en charge de l’utérus bénéficie du droit de choix pour poursuivre ou interrompre sa grossesse, le partenaire porteur des gamètes mâles peut être exclu de la démarche d’interruption de grossesse.

Or si sur le plan du droit les règles sont incontestables, sur le plan du corps, de la pensée et des émotions, le pouvoir biologique fécondant existe à égalité de parts pour l’un et l’autre des partenaires.

Les deux partenaires doivent être pris en charge, peut-être à des moments différents de vie et en interrogeant l’un et l’autre de manière égalitaire sur ses antécédents génésiques.

La personne qui n’a pas de pouvoir reproductif, a un pouvoir fécondant et des sentiments génésiques. Elle doit bénéficier d’un espace de parole, de soutien dont elle ne doit pas être privée parce qu’elle n’a pas le pouvoir reproductif.

En pratique, posez la question aux hommes, à celles.ceux qui n’ont pas d’utérus mais qui ont un pouvoir fécondant : avez-vous fait des IVG ? les réponses sont étonnantes, parfois fleuves et permettent au minimum d’enclencher la réflexion et l’implication active vers la contraception masculine.

La charge mentale de la régulation des naissances n’a plus à être portée par seulement la moitié de la population,

-le droit en matière d’IVG est irrécusable,

-la biologie doit l’être.

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