Par Sneiba Mohamed

Au large de la Mauritanie, une nouvelle hécatombe se déroule sous nos yeux impuissants. Les chiffres sont effarants et donnent froid dans le dos : entre 797 et 850 Sénégalais ainsi que 6 Gambiens sont arrivés à Nouadhibou, au nord de Nouakchott, le 04 novembre dernier, dans des pirogues, en provenance du Sénégal. Leur destination ? Les Îles Canaries, un eldorado pour nombre de migrants en quête d’une vie meilleure.

Malheureusement, cette tentative désespérée de rechercher un avenir plus prometteur a tourné au drame. Sur les treize migrants arrivés décédés et enterrés à Nouadhibou, la plupart étaient dans un état de décomposition avancée. D’après les rescapés, environ 90 à 100 d’entre eux ont péri noyés en mer. Un véritable cauchemar qui rappelle tristement les nombreuses tragédies similaires qui ont précédé celle-ci.

La situation est tout aussi alarmante à Nouamghar, un point d’accès au sud du Parc national du banc d'Arguin. Des pirogues ont également été signalées, transportant des migrants parmi lesquels plusieurs ont malheureusement perdu la vie en cours de route. Face à cette situation critique, les autorités administratives et sécuritaires de Dakhlet Nouadhibou, les associations sénégalaises, l’Organisation internationale des migrations (OIM), ainsi que l’ambassadeur et le consul du Sénégal à Nouadhibou ont uni leurs forces pour porter secours aux rescapés.

Parmi ces derniers, on compte des femmes en état de grossesse, des enfants et même des bébés. Leur désespoir et leur vulnérabilité ajoutent une dimension tragique à ce drame humanitaire. Les Sénégalais résidant à Nouadhibou peinent à comprendre la lenteur de la réaction des autorités sénégalaises face à cette tragédie.

Si des mesures ont été prises pour rapatrier certains migrants sénégalais, plus de 2500 d’entre eux ont été transportés depuis Dakhla au Maroc, via Nouadhibou et Rosso, selon le Consulat du Sénégal à Nouadhibou. Cela soulève une question cruciale : comment peut-on laisser des milliers de personnes risquer leur vie dans de telles conditions, sans réagir avec la promptitude et l’efficacité que nécessite leur situation désespérée ?

Cette hécatombe en mer est un rappel poignant de la nécessité d’une action coordonnée et urgente de la part des gouvernements et des organisations internationales. Les vies des migrants sont en jeu, et il est de notre devoir collectif de trouver des solutions pour prévenir de nouvelles tragédies en mer et apporter l’aide et le soutien nécessaires à ceux qui parviennent à survivre.

La situation actuelle ne peut plus être ignorée. Il est temps que les autorités s’engagent à protéger ces vies,  à promouvoir des voies légales et sûres pour les migrations et à traiter les racines profondes de ce problème. Chaque âme perdue en mer est une tragédie évitable. Il est grand temps d’agir. Au lieu de tenir les candidats à l’immigration responsables de ce qui leur arrive.