Par Jeff Thes
Ce mardi 19 novembre 2024, environ une trentaine de présumés membres de la fédération de gangs armés dénommé « Viv ansanm » dirigée par l’ancien policier Jimmy « Babekyou » Chérizier ont été tués par la police en complicité avec la population. Serait-ce le déclic ?
Comme annoncé depuis plusieurs jours, les bandits armés de « Viv ansanm » ont tenté de lancer une offensive sur les quartiers de Delmas et de Pétion-ville dans la nuit du 18 au 19 novembre. Ce qui aurait conduit à la mort de plusieurs dizaines d’entre eux. « La police a intercepté un camion transportant plusieurs dizaines d’individus armés se dirigeant dans les hauteurs de Pétion-ville… », informe le porte-parole adjoint de la Police Nationale d’Haïti, Lionel Lazarre, avant d’ajouter que près d’une trentaine sont mortellement blessés.
C’est un nouveau revers pour les présumés criminels dans leur objectif de contrôler la totalité de Port-au-Prince. Si la Police nationale d’Haïti et les policiers Kenyans n’y arrivent pas, la population est contrainte de se défendre. Et c’est apparemment, le retour de la méthode populaire baptisée « Bwakale ». Le « Bwakale » consiste à passer au feu les présumés bandits interceptés par la population. C’est une méthode non reconnue par les autorités, pas officiellement en tout cas, mais qui est la plus efficace dans le cadre du mariage entre la population et la Police.
Ce regroupement de gang, à savoir « Viv ansanm » contrôle plus de 80% de la capitale haïtienne sous l’œil impuissant de la police nationale d’Haïti et le silence complice des autorités du pays. Une situation qui ne cesse de provoquer la frustration de la population.
Quand le contrat social rompu
Depuis juillet 2021, la République d’Haïti patauge dans un océan de malheurs : une société sans repère, des hommes politiques sans scrupule, un État en état, mais aussi et surtout une communauté internationale en mode vampire. Certes, diverses voix ont été levées pour dénoncer le Président Jovenel Moïse qu’on avait accusé de corruption. Cependant, sans se lancer dans une défense de M. Moïse, on doit accepter que trois ans après son assassinat survenu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021, la situation s’est empirée.
Sommes-nous arrivés au temps d’une vengeance populaire ? c’était à craindre mais maintenant c’est évident. L’État n’est plus, parce qu’il est incapable de répondre à sa mission qui est de protéger sa population. Il convient alors de revenir à l’État naturel des choses, où chacun se doit de se protéger contre tout danger. Et le peuple haïtien sait comment s’y prendre. Il n’est pas question de défendre une quelconque violence populaire, mais qui sommes-nous pour juger le droit sacro-saint d’un peuple oppressé de se défendre. Quand tout semble perdu, la volonté populaire demeure. C’est le propre de la démocratie, et ce n’est pas le moment de la redéfinir.