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Dictatures d’Afrique : Déby, de père en fils

Dictatures d’Afrique : Déby, de père en fils

Dictatures d’Afrique : Déby, de père en fils

/ POLITIQUE / Friday, 23 April 2021 20:40

source photo: https://larochesuryon.maville.com/

Par Sneiba Mohamed

La mort surprise du Président Tchadien, Idriss Déby Itno et la « succession » qu’assure l’un de ses fils, Mahamat Idriss Déby, général quatre étoiles d’à peine 37 ans, quelques heures après l’annonce de sa disparition, ravive le débat sur les dictatures africaines transformées en « héritage » de père en fils.

Le mystère qui entoure cette mort, « sur le champ de bataille », dit le communiqué officiel à la TV tchadienne, il serait de plus « peut-être assassiné au palais » comme l’avancent certains analystes sur les plateaux de chaînes d’actualités prisées (France 24, TV5MONDE, Al Jazeera, etc.). Personne n’occulte nullement le caractère insolite - et récurrent à la fois - de cette succession de père en fils. Dévolution du pouvoir qui rappelle au monde entier que l’Afrique continue encore à faire de la résistance à la démocratie : Ali Bongo qui succède à Omar (Gabon), Faure qui s’empare du fauteuil de Gnassingbé (Togo), Joseph qui avait remplacé Laurent-Désiré Kabila (RDC). C’était également le projet de Kadhafi avec son fils Saif-Al Islam.

On peut considérer les successions « arrangées », comme celle qui vient d’avoir lieu au Niger (dauphinat), et qui ont déjà été réalisées en Mauritanie (2019), comme un accommodement politique, s’assimilant à l’octroi du pouvoir à un fils spirituel censé assurer la continuité de l’œuvre, bonne ou mauvaise, du président sortant, mais c’est surtout une immunisation contre d’éventuelles poursuites judiciaires. L’ancien président Aziz est en train d’apprendre, à ses dépens, qu’un tel arrangement peut mal tourner.

Toujours est-il que ces agissements anti-démocratiques renferment les germes d’une instabilité chronique. La mort du dictateur, Déby ou d’un autre du Gondwana, ne met pas fin forcément au supplice des populations, s’il est remplacé de facto par son fils ou un homme de son sérail.

La bataille pour la conquête du pouvoir, ou pour sa conservation, placera donc le Tchad dans le cycle sans fin de l’instabilité politique. L’opposition armée, responsable ou pas de la mort du président Déby, continuera son offensive contre son fils qui usera - et abusera - des mêmes moyens qui ont permis à son père de rester au pouvoir 30 ans durant. L’opposition politique continuera à réclamer des élections libres et transparentes pour doter le Tchad d’une démocratie véritable, pas celle, formelle, qui, par des élections « sur mesure » avait permis à Idriss Déby de rempiler six fois, sans que l’Occident, pourtant champion de la démocratie, ne s’émeuve de pratiques qui s’exercent sur des populations résignées.

Il est tout aussi évident que le seul service d’être le « rempart » contre le terrorisme ne suffira pas au successeur de Déby pour bénéficier du soutien inconditionnel de la France et des autres pays qui craignent que les attaques terroristes ne sortent du Sahel pour toucher plus fréquemment les pays du Golfe de Guinée. Car l’insurrection à l’intérieur de ce pays où le pouvoir est d’essence tribale peut engendrer des conséquences aussi fâcheuses que celles du terrorisme. Certes, Paris tentera de jouer de son influence pour avoir au Tchad le même allié militaire contre les djihadistes qui agissent dans la zone des trois frontières (Mali, Tchad, Burkina Faso), mais il lui plaira aussi que la transition militaire de dix-huit mois décrétée par le Conseil national de transition (CNT) aboutisse à une réelle ouverture démocratique. Les intérêts économiques de la France et son image (de marque) que Macron veut différente de celle dévoyée de la Françafrique commandent d’agir dans ce sens, en aidant Déby fils à ne pas tomber dans les travers de son défunt père. Si, d’ici là, les évènements qui vont suivre, et dont personne ne peut prédire l’orientation, ne précipitent sa chute.

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