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Présidentielle zambienne : victoire de la démocratie

Présidentielle zambienne : victoire de la démocratie

Présidentielle zambienne : victoire de la démocratie

/ POLITIQUE / Tuesday, 17 August 2021 15:13

source photo: La nouvelle république

Par Sneiba Mohamed

Un opposant qui gagne, ce n’est pas tous les jours que l’on voit ça en Afrique, un continent où la démocratie est toujours « en construction ». Pourtant, c’est ce qui vient d’arriver en Zambie, ce 16 août 2021, avec la victoire de l’opposant Hakainde Hichilema, candidat « multirécidiviste » à une présidentielle qu’il a fini par remporter haut la main avec 1 million de voix de différence avec le président sortant Edgar Lungu.

« Je déclare Hakainde Hichilema président élu de la République de Zambie en ce 16 août », a annoncé Esau Chulu, président de la commission, vers 2h30 du matin devant la presse. M. Hichilema, homme d’affaires autodidacte surnommé "HH", a remporté un total de 2.801.757 suffrages contre 1.814.201 pour M. Lungu, a-t-il précisé.

Une victoire nette alors que cette course était donnée serrée depuis des semaines.

Plus que la victoire d’un homme, c’est le sacre de la démocratie. Les urnes ont parlé et la commission électorale ne pouvait que reconnaître leur verdict. Mais pour dire vrai, le président sortant a été vaincu par une crise économique de très grande ampleur. Un désastre économique qui a fait de la Zambie, pays pourtant riche en ressources minières, le premier Etat africain qui annonce sa faillite et son incapacité à honorer sa dette.

La participation, très forte à plus de 70%, montrait combien les Zambiens avaient à cœur d’apporter le changement, de forcer l’alternance au pouvoir, mais de façon pacifique. C’est un exemple qui doit prévaloir désormais en Afrique. Le bilan, qu’il soit économique, politique ou social, plaide pour le maintien au pouvoir ou pousse vers la sortie. Et c’est parce que M. Lungu, avocat de formation a emprunté de façon déraisonnable, notamment auprès de créanciers chinois, pour financer une frénésie de projets d'infrastructures, à coups de milliards de dollars, qu’il s’est trouvé englué dans une situation économique devenue inextricable. Son départ était devenu une question de vie ou de mort pour ses concitoyens dont les conditions de vie se détériorent de jour en jour.

L’inflation montée à plus de 20% annonçait une situation économique hors contrôle. La fiche pays établie en juin 2020 par les institutions de Bretton Woods dressait un sombre tableau que la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) n’a fait qu’exacerber :

« La situation économique et financière du pays, fragilisée depuis plusieurs années, s’est détériorée de manière substantielle depuis le deuxième semestre 2018 – la croissance 2019 a été nettement révisée à la baisse (+1,5%), l’inflation accélère (+16% sur un an en avril) et le kwacha s’est fortement déprécié (-26% depuis un an face au dollar). »

Alors que plus des deux-tiers de la dette publique est libellée en devises, le FMI évoquait dès août 2019 un risque « très élevé de surendettement ». Après le déclenchement de la crise du Covid, plusieurs agences de notation ont classé le risque souverain en risque imminent de défaut. C’est sans doute parce que le président sortant ne semblait pas prêt à faire les efforts nécessaires afin de remettre les finances publiques sur un chemin soutenable, ce qui lui permettrait de bénéficier d’un programme de financement du FMI – qui apparaît comme la seule solution pour faire face à une situation financière qui n’est plus soutenable à court terme, qu’il a été « destitué démocratiquement » par un vaillant peuple zambien qui refuse, désormais, de subir les erreurs de ses dirigeants.

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