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France : REELECTION D’EMMANUEL MACRON

France : REELECTION D’EMMANUEL MACRON

France : REELECTION D’EMMANUEL MACRON

/ POLITIQUE / Tuesday, 26 April 2022 19:58
source photo: l'Express
 
Le locataire de l’Elysée saura-t-il relever le défi de la montée du sentiment anti-français en Afrique ?
 
Par Didèdoua Franck ZINGUE depuis Ouagadougou

Les électeurs et les électrices de la France métropolitaine se sont rendus aux urnes, le 24 avril dernier pour le second tour de l’élection présidentielle. Ceux et celles de l’Outre-mer et de l’étranger l’ont fait la veille. L’objectif était de choisir entre les deux finalistes, Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Avec ses 58,2%, la victoire du président Macron, pour la deuxième fois consécutive, face à l’égérie du Rassemblement national, Marine Le Pen, passe aux yeux de certains pour une victoire par défaut. Son bail à l’Elysée, a été ainsi renouvelé pour 5 ans. Le scénario de 2017 s’est donc répété. Et le scrutin qui s’est déroulé sans incident susceptible d’entacher sa régularité, pourrait servir d’exemple au Gondwana (pays africains).Un autre aspect de la présidentielle française qui n’a pas manqué de fasciner du côté de l’Afrique, c’est le fait que le candidat malheureux a accepté de bon cœur sa défaite. En Afrique, il serait monté sur ses grands chevaux  pour crier, à tort ou à raison, que sa victoire lui a été volée.  Et bonjour les crises post-électorales !

Il y a urgence pour la France à repenser en profondeur ses relations avec l’Afrique 

En attendant, l’on peut s’arrêter sur la victoire du président sortant en se posant la question de savoir si celui-ci saura relever le défi de la montée du sentiment anti-français en Afrique en général et en Afrique francophone en particulier.

En effet, dans les pays africains anciennement colonisés par la France, il ne peut pas se passer un mois sans qu’il y ait, ici ou là, une manifestation au cours de laquelle on traite l’ancienne puissance coloniale de tous les noms d’oiseaux. Dans certains pays même, l’on pousse la défiance jusqu’à infliger au drapeau tricolore une sorte d’autodafé. Tout cela est le signe que la France a mal à ses anciennes colonies. Lors de son premier mandat, et pour être plus précis, le 28 novembre 2017, Emmanuel Macron, à partir de Ouagadougou, avait annoncé devant un parterre d’étudiants, la mort de la Françafrique, de ses réseaux obscurs et de ses liens malsains. Et pour montrer sa volonté à aller dans ce sens, il avait promis que les archives françaises sur l’assassinat de Thomas Sankara seraient transmises à la Justice burkinabè. Dans la foulée, il avait annoncé le processus de restitution du patrimoine culturel africain. Pour traduire, dans les faits, sa vision sur les relations entre son pays et le continent noir, un Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA) a été mis en place par ses soins. En résumé, on peut dire que Ouagadougou a servi de tribune à Macron, pour refonder les relations de la France avec l’Afrique en général et les pays de son ancien pré-carré colonial en particulier. Pour reprendre l’expression de ses conseillers, il s’agissait de « changer de logiciel ». Visiblement, « ce changement de logiciel » a été un trompe-l’œil. Car, depuis lors, le sentiment anti-français à Ouagadougou, à Bamako, à Bangui ou encore à Niamey, ne faiblit pas. Et l’on ne se contente pas seulement de demander le départ des Français de ces pays. Pire, l’on exige aussi que les autorités regardent du côté de la Russie, de la Chine et de la Turquie.


Quand les opinions pensent, à tort ou à raison, que la CEDEAO est l’autre nom de la France.

De ce qui précède, l’on peut déduire qu’il y a urgence pour la France à repenser en profondeur ses relations avec l’Afrique, de sorte à tenir compte véritablement des intérêts des populations africaines. Cela pourrait passer, par exemple, par la révision de fond en comble des accords de coopération qu’elle avait noués avec le continent noir, à l’époque où les Africains percevaient De Gaulle comme un demi-dieu. Ce changement de logiciel pourrait passer aussi par la mort de cet instrument colonial et néocolonial qu’est le Franc CFA. En attendant et en souhaitant que Macron y pense, il doit déjà faire face au dilemme que représentent les coups d’Etat dans les anciennes colonies de la France comme le Tchad, le Niger, le Mali, la Guinée et le Burkina Faso. Si Paris ferme les yeux sur ces signaux, elle court le risque de contribuer à mettre à mal la démocratie dans ces pays. Si elle va dans le sens exigé par la CEDEAO, elle risque de se mettre à dos une bonne partie des opinions publiques de ces pays, qui croient dur comme fer, à tort ou à raison, que la CEDEAO est l’autre nom de la France.

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