Propos recueillis par MARIEME BA 

Ecrivain, professeur, journaliste, humaniste, Dr François Adja Assemien née en Côte D'Ivoire, vit actuellement aux États-Unis.  Il se consacre à l'enseignement de la philosophie à l'université, à la recherche académique et à l'écriture après des études en lettres classiques, sciences humaines et philosophie. Titulaire du Docteur d'Etat de philosophie et de la licence de sociologie, il est auteur de plusieurs concepts fondamentaux.  Voici ci-dessous dessous un interview qu'il a accordé au Journal Oeiil d'Humanite !

Œil d’Humanité: Bonjour Dr, comment vous présenteriez  vous ?

Dr François Adja Assemien : Je suis Dr François Assemien,  Ivoirien  vivant aux Etats Unis d’Amérique, professeur de philosophie à l’université, écrivain, journaliste, humaniste, chercheur, artiste musicien, compositeur , chanteur et guitariste.

Œil d’Humanité : Vous écrivez depuis combien de temps ?

Dr François Adja Assemien :   J’écris depuis 37 ans.  J’ai débuté en1985 par la publication de mon livre  intitulé « Le Guide africain de philosophie, de sciences humaines et d’humanisme ».

Œil d’Humanité : Vous écrivez seul ou en collaboration ?

Dr François Adja Assemien :   J’écris seul

Œil d’Humanité : Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Dr François Adja Assemien : L’inspiration d’écrire me vient de ma formation, de ma culture philosophique puis du développement historique et de la dialectique de la vie.

Œil d’Humanité : Et si vous nous parliez de votre dernier livre, La Philosophie De L’Esprit Africain?

Dr François Adja Assemien : La philosophie de l’esprit africain est un essai philosophique sur la personnalité et la mentalité des africains.  C’est un miroir et un outil que je donne aux africains qui veulent se connaitre, progresser, se transformer positivement.  Il leur dit à la fois ce qu’ils sont (leur sociologie et psychologie) et ce qu’ils doivent être (philosophie).  Ce livre est composé de deux parties : la première montre les trois états de la conscience soumise. La deuxième partie parle de la conscience révoltée.  Elle expose la lutte africaine contre l’oppression et la domination étrangère qui se caractérise par des revendications, des valeurs et des droits.

Œil d’Humanité : Pensez-vous réellement qu’il y a un esprit africain façonné à penser d’une manière qui est propre aux africains ?

Dr François Adja Assemien : Oui, il est légitime de parler d’un esprit africain comme une réalité collective créée par la dialectique de l’histoire.  C’est l’identité du peuple noir d’Afrique.  J’ai exposé cela  dans mon livre. C’est le portrait psychologique de tous les africains pris dans la dynamique de l’esclavage, de la colonisation et de la recolonisation.

Œil d’Humanité : Faites-vous partie de ceux qui pensent que l’esprit africain devrait être enseigné à l’école ?

Dr François Adja Assemien : Je suis de ceux qui travaillent pour la renaissance de l’Afrique.   Cette renaissance exige la personnalité africaine authentique , y compris naturellement un esprit africain révolutionnaire.  L’esprit  africain libéré doit être enseigné à l’école. Vivement que cela se fasse ! C’est un impératif absolu. La révolution intellectuelle, psychologique, mentale, spirituelle est la base de tout progrès, de toute réussite, du bonheur et du salut.

Œil d’Humanité : Selon vous d’où vient le complexe africain tant décrié, qui empêche aux africains de se connaitre eux-mêmes et de se faire connaitre par les autres ?

Dr François Adja Assemien : Le complexe d’infériorité qui ravage les africains est le résultat de leur esclavagisation et de leur colonisation par l’occident. Les bourreaux, les prédateurs ou les impérialistes occidentaux racistes ont lavé le cerveau aux africains.  Ils ont fabriqué des peaux noires, masques blancs selon Frantz Fanon.  Cela grâce à leur culture et leur civilisation dominantes aux africains (langues, écoles, religions, idéologies, philosophies, droits, morales, arts, sports, systèmes sociaux, politiques, économies).

Œil d’Humanité : Vous qualifiez le sentiment de vouloir se libérer du néocolonialisme qui anime les africains comme une révolution spirituelle.  Partagez-vous la conviction des kémites qui disent que l’Afrique a intérêt à renouer avec sa propre spiritualité ?

Dr François Adja Assemien : Je partage entièrement la conviction des kémites panafricanistes par rapport à la spiritualité.  L’Afrique doit absolument reprendre sa spiritualité ancestrale ou créer une nouvelle. Elle doit pratiquer sa propre spiritualité et sortir de la honte, de la domination et du ridicule. C’est un gage de sa dignité, de sa libération, de sa renaissance, de son bonheur, de son développement tous azimuts. C’est indispensable. Chaque peuple doit vivre dans sa culture et dans sa civilisation propre comme fruits de son génie créateur et de sa sagesse. Il doit être lui-même, la préservation de son identité, de sa singularité et la quête de la puissance l’y oblige.  Le mimétisme et l’exotisme serviles sont nuisibles à l’Afrique qui recherche sa libération, sa dignité, sa puissance et sa grandeur.

Œil d’Humanité : Comment qualifiez-vous la conscience révoltée ?

Dr François Adja Assemien : La conscience révoltée des africains actuels se caractérise par la lutte qu’ils mènent pour leur affirmation, leur libération, leur bonheur, leur souveraineté, leur dignité et la négation de leurs oppresseurs, prédateurs. (Voir le cas présent des Maliens, des Burkinabès…) La conscience révoltée s’exprime par l’exigence des valeurs. L’Afrique est à l’ère axiologique. Les africains revendiquent la liberté, la justice, le droit au bonheur, à la paix, à la sécurité, à la jouissance de leurs richesses, de leurs biens, à la puissance, à la grandeur, à légalité avec les autres peuples, à l’indépendance, à la souveraineté.  La conscience révoltée est un état de conscience supérieur qui s’actualise dans la reconquête de leur humanité qui leur a été dénie par les prédateurs barbares et impérialistes.  L’instinct de survie, de conservation… , obligent les africains à lutter pour ne pas disparaitre de ce monde. Car ils sentent la menace de leur extermination comme l’épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes. Ils sont agressés quotidiennement partout, dans le monde.  Ce n’est un secret pour personne. C’est une lapalissade.

Œil d’Humanité : Dans le livre, vous parlez d’un intellectualisme aliénant et délirant. Pouvez-vous nous expliquer un tel phénomène ?  

Dr François Adja Assemien : L’intellectualisme aliénant et délirant est ce qui caractérise fondamentalement les africains colonisés et néo-colonisés.  C’est l’attribut définitionnel des Africains occidentalises qui sont très satisfaits de leur état de blancs à la peau noire. Les intellectuels officiels africains ne réjouissent de leur position privilégiée et combien intéressante de dominateurs.  Ils ont remplacé leurs maitres  blancs en Afrique. Ils sont très fiers, très orgueilleux, très hautains, très méprisants envers les paysans et les villageois illettrés, analphabètes.  C’est eux seuls qui gouvernent la totalité sociale selon les coutumes politiques et les diktats de leurs maitres blancs. Ils insultent, bafouent et bannissent la chefferie traditionnelle, la royauté et le système impérial africain.  Eux sont républicains, démocrates. Ils sont pour l’Etat-nation, le jacobinisme, le parlementariste. Ils pratiquent ce que j’appelle l’intellectocratisme  occidentalicentrique au détriment de ce que j’appelle la paysanocratie.  Contre leur intellectocratie  occidentalocentrique, je propose la paysanocratie

Œil d’Humanité : Pourquoi avoir choisi de l’éditer à Dakar ?

Dr François Adja Assemien : Mon livre a été édité à Dakar parce qu’il s’adresse particulièrement aux africains.  Je veux qu’il soit lu par tous les africains.  C’est leur miroir commun (connais-toi toi-même), leur axiologie, eudémonisme, éthique, psychologie et arme de combat panafricains.  L’idéal serait de publier ce livre dans tous les pays africains.  Dakar est son berceau, son point de départ.  A tout Seigneur, tout honneur.  Les Dakarois et les Sénégalais en général sont des rats de bibliothèque, de librairie.  Ce sont de très grands lecteurs, des gens de culture.

Œil d’Humanité : Quel message pour la Jeunesse Africaine ?

Dr François Adja Assemien : Je demande à la jeunesse africaine de s’inscrire dans une dynamique de rupture avec la politique intellectocratique  occidentalocentrique. Cela sera très bénéfique pour l’ensemble des Africains. Il s’agit de combattre l’égoïsme, l’injustice, l’arbitraire, la méchanceté, la cruauté, des intellectuels officiels, intellectocrates, des blancs à la peau noire. Il faut cesser le cynisme, la trahison, la bêtise, la lâcheté qui caractérisent les Africains. Il est temps d’appliquer enfin l’Afrocratisme  (philosophie de la rupture), de réaliser la Paysanocratie pour libérer, décoloniser, développer, sauver l’Afrique au profit de tous les Africains. Cela exige le patriotisme héroïque des jeunes africains. Un patriotisme à la manière des Asiatiques, c’est à dire des Coréens, des Japonais, des Chinois… Il faut supprimer toutes les tares et tous les paradigmes des bourreaux, des prédateurs, des eugénistes, des transhumantes, des mondialistes covidistes et vaccinistes en Afrique.

Œil d’Humanité :Merci Dr pour cet bel et riche entretien !