Exil, diaspora, trauma racial
Exil signifie hors du sol, du latin exsilium et contient l’idée de bannissement, de départ forcé signifié par un rapport de force défavorable pour celui qui part.
La rupture concerne toutes les dimensions de l’existence : dimension physique, avec la contrainte fréquente de la pauvreté, émotionnelle avec notamment la rupture familiale, sociale par la perte du statut, mentale avec les limitations imposées à la pensée par le changement de langue et des codes sociaux et, sur le plan intime par la peur ou l’excitation.
Néanmoins l’exil est ontologique, s’inscrit la condition humaine et la détermine : « Exile-toi afin de te renouveler » dit le poète Abu Tamman. Nul n’est prophète en son pays ajoute le sens commun, partir est souvent la condition de survie, mais aussi celle de l’accomplissement et le prix à payer pour accéder à un futur choisi et non subi.
Les situations à vivre vont être très différentes, les frontières sont partout, administratives, mais aussi linguistiques ou invisibles isolant le migrant non citoyen des ayants-droits.
L’inflation des mouvements migratoires, qui caractérise notre époque s’accompagne de l’inflation du terme diaspora, jadis réservé aux populations juives chassées de Judée à Babylone au 6e siècle av.JC
Que signifie vraiment ce terme, diaspora, appartient-il au registre historique, sociologique ? Plus que cela, nous verrons que le terme diaspora s’inscrit dans le registre biologique de la survie des personnes dont les liens vitaux ont été rompus par les circonstances historiques.
La perception de la diaspora comme concept biologique amène tout naturellement à modéliser le trauma racial, jadis crime contre les corps en particulier lors du Siècle des Lumières et de l’esclavage, aujourd’hui crime symbolique dont les conséquences en termes de maladie commencent à se faire connaitre.
