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Le Burundi « Pays des Tambours »

Le Burundi « Pays des Tambours »

Le Burundi « Pays des Tambours »

/ SOCIETE / Tuesday, 27 June 2023 19:40
source photo: iwacu-burundi.org

Par Aline MUGISHA

Les Tambours du Burundi dites  « Ingoma » sont des instruments qui occupent une place mythique importante dans la culture Burundaise. Les tambours burundais sont issus de la tradition royale et ont  toujours été des éléments saillants de la culture burundaise. En effet, ils étaient réservés aux événements exceptionnels ;  il n’y avait pas de cérémonies liées à la royauté qui ne fassent pas appel au tambour. Ils ont majoritairement joué un rôle essentiel avant la période coloniale, lorsque le pouvoir était entre les mains du Roi. Les légendes font cependant coïncider l’apparition du tambour avec la naissance de la monarchie burundaise.

Au Burundi ancien

Le rôle du Tambour dans la célébration de la vie politique dans le Burundi Traditionnel

Dans le Burundi traditionnel, les tambours tenaient un rôle constant en toutes les circonstances, les plus solennelles comme les plus ordinaires : intronisation d’un roi, naissance, mariage, guerre, chasse, funérailles séance de magie ou encore séance d’initiation. Lors de l’intronisation d’un nouveau roi, la cérémonie d’investiture du nouveau souverain est l’une des cérémonies où le tambour tenait un rôle très important « L’investiture proprement dite consiste en la remise des insignes dynamiques au roi et à la reine – mère. Quatre tambours – emblèmes occupent la place la plus importante parmi ces objets ». Lors de son intronisation, le nouveau souverain devait  prouver sa capacité à diriger le pays. Il devait également se montrer capable de soulever le tambour dynastique selon certains écrits.

Un autre exemple est celui de l’« Umuganuro », fête nationale des semailles, qui avait lieu au mois de décembre, l’occasion pour sortie les tambours. A la veille de la fête, comme le voulait la tradition, les tambours sonnaient jusqu’à l’aube. Le matin, les représentants des différentes chefferies se réunissaient au signal du Tambour « Rukinzo ». Le tambour était également utilisé pour le culte du tambour dit « Kubandwa » afin de montrer un signe d’adoration et de vénération envers le dieu « Kiranga ». À cette occasion, il y avait une hutte dans laquelle on déposait de la bière de sorgho et on y mettait le tambour sacré. Avec la naissance du christianisme, de pareilles pratiques ont été abolies.

Ainsi, le tambour symbolise la légitimité du roi, incarne la protection divine du royaume, la fécondité et la prospérité du pays tout en assurant le lien entre le roi et le sacré. Au sein de la monarchie burundaise, un réseau de hauts-lieux tissait la trame mythique, culturelle et politique du pays. Ces lieux portaient le nom des « Bigabiro » parmi lesquels figurent les domaines des tambourinaires, bien que la tendance des Occidentaux qui ont pris la plume pour parler du tambour est d’amoindrir leur importance. Ces domaines du tambour « Ibigabiro vy’ingoma » semblent être moins connus des chercheurs dont une attention particulière a été portée à l’endroit de karyenda et Rukinzo, où les tambours étaient directement attachés au Roi.

Le tambour était notamment conservé au sanctuaire de Gishora, capitale politique du Burundi au centre du Burundi, qu’il est encore possible de visiter aujourd’hui.

Les récits de fondation des domaines du tambour se présentent comme autant  de variantes du mythe du roi  NTARE RUSHATSI, mythe d’origine de la dynastie fondée par ce dernier. La danse des tambours burundais : un spectacle accompagné par le son de leurs battements, de la poésie héroïque et des chants traditionnels.

Au Burundi moderne

De la  monarchie du Burundi à la République, les tambours n’ont pas perdu leur place, ils sont utilisés durant les grandes festivités du pays (fête National) et sont joués pour accueillir les différentes personnalités du pays, à commencer par le chef de l’État. Les chants des tambourinaires louent et rappellent l’histoire du Burundi ainsi que la bravoure des souverains du royaume. Les femmes ne sont pas autorisées à jouer de l'instrument, mais elles peuvent accompagner les groupes et assister aux festivals. Afin de préserver la tradition, les hommes apprennent à se familiariser avec le tambour depuis leur plus jeune âge. Les tambourinaires du Burundi parcourent le monde en participant à plusieurs festivals avec leurs tambours fabrique à base d’un arbre appelé « UMUVUGANGOMA » couvert d’une peau de vache.

En 2014, la danse du tambour burundais a été inscrite au Patrimoine immatériel de l’UNESCO anticipant la perpétuation des rituels associés aux tambours. Leur préservation était d’ailleurs encadrée depuis le Burundi ancien. Plusieurs clans de ritualistes étaient garants de la fabrication, de la conservation, ainsi que de la pratique des tambours. Ce statut s’acquiert par filiation patriarcale, renforçant le caractère héréditaire naturel et exclusif du tambour. Encore aujourd’hui, les groupes de tambourinaires sont composés d’au moins un enfant, veillant à la continuité des traditions particulières associées à cette pratique. En plus de vouloir rendre célèbre le tambour aux yeux du monde, jouer le tambour signifie beaucoup pour tous ses Burundais, car il leur procure de la joie, en tant que garants d'une ancienne tradition.

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