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Par Sneiba Mohamed
Dans chaque pays, notamment ceux qui se prévalent d’être des démocraties, la place de la femme dans la société se mesure à l’aune de deux paramètres essentiels : la présence effective en politique et le rôle dans l’entreprenariat. De ces deux critères dépendent, en effet, les jugements que l’on porte souvent sur les questions de parité et de promotion du genre.
En Belgique où l’on a célébré, en novembre 2021, en même temps que la Fête du Roi, les 100 ans de présence de femmes en politique, l’occasion était offerte de rappeler qu’il y a un siècle, la socialiste Marie Janson était la première femme désignée dans un parlement belge, le Sénat en l’occurrence et par cooptation sur proposition du président du Parti ouvrier belge, Emile Vandervelde. Ce que le Premier ministre, Alexander De Croo, la présidente de la Chambre, Eliane Tillieux, et sa collègue du Sénat, Stephanie D’Hose, avaient rappelé, à l’occasion, en 2021, comme « jalons posés pour tendre vers une égalité entre homme et femme en politique », évoquant, au passage, quelques-unes des figures marquantes de ce combat pour l’émancipation politique des femmes, était nettement supérieur à la moyenne mondiale (une représentation féminine à la Chambre de plus de 40% contre une moyenne mondiale établie à 25%). C’est un bon parcours depuis d’il y a 30 ans, quand on sait que cette représentation n’était que de 12% en 1995 !
Mais on ne peut quand même cacher notre satisfaction quand on sait que le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles compte plus de femmes que d’hommes tandis que le gouvernement fédéral est paritaire.
La route a été longue : il faut attendre 1928 pour qu’une femme soit élue à la Chambre, la socialiste Lucie Dejardin, le suffrage des femmes remonte à 1948 - la Belgique est alors à la traîne en Europe-, ce n’est qu’en 1965 qu’une femme entre dans un gouvernement, en la personne de la sociale-chrétienne Marie De Riemacker-Legot, et reçoit le portefeuille de la Famille, en 1977, Antoinette Spaak est la première femme présidente de parti (le FDF, ex-DéFI) et en 2019 seulement une femme devient Première ministre -la libérale Sophie Wilmès, tandis qu’un an plus tard une femme occupait enfin le perchoir de la Chambre.
Deux lois ont favorisé l’émergence des femmes en politique. En 1995, une loi impose un tiers de présence de l’un des deux sexes sur les listes électorales avant la parité obligatoire en 2002.
Les femmes et l’entreprenariat
Mais il faut comprendre aussi que les femmes, comme d’ailleurs les hommes, ne vivent pas que de politique ! Elles ont besoin de s’épanouir en affaires pour vraiment se prendre en charge, assurer une autonomie financière qui leur permet d’ETRE socialement parlant.
Si l’on prend l’année 2021 comme repère, pour harmoniser avec ce que l’on vient de dire en politique, les statistiques disponibles montraient que le taux d’entrepreneuriat chez les femmes belges âgées de 18 à 64 ans est de 8,9 %. Cela signifie qu’un peu moins d’une femme sur dix de cette tranche d’âge en Belgique déclare exercer une activité indépendante.
Selon les données principalement livrées par l’Institut national d'assurances sociales pour travailleurs indépendants (INASTI) permettant d’apprécier la présence des femmes selon les branches d’activités, le profil des indépendantes (âge et nature de l’activité exercée), le nombre de starters et cessants, les femmes administratrices, les étudiantes-indépendantes, le taux d’emploi et d’entrepreneuriat, « les femmes restent à l’heure actuelle moins susceptibles d’exercer une activité indépendante et gèrent encore trop souvent des entreprises plus petites, avec moins d'employés, que leurs homologues masculins. »
En Belgique, les femmes représentent 35,4 % des travailleurs indépendants. Pourtant, depuis plusieurs années, la croissance du nombre d’indépendants est proportionnellement plus forte chez les femmes que chez les hommes, réduisant ainsi petit à petit l’écart genré dans le monde entrepreneurial belge. En fait, ce que les femmes belges réclament, comme d’ailleurs toutes les femmes du monde, se trouve résumé dans l’un de leurs slogans : « Traitez-nous différemment mais de manière égale ! »
