Par Dr Danielle Choucroun

Pour vous inscrire : « La contraception, au croisement des rapports de force et d’émancipation » https://my.weezevent.com/colloque-contraception-2023

La contraception médicale est considérée par le CDC* comme l’une des dix réalisations majeures du 20e siècle en faveur de la santé publique. La contraception médicale a été le levier décisif pour l’égalité des genres, en particulier l’accès à l’éducation, à l’enseignement supérieur et l’accès à l’emploi des femmes.

En 1995, la 4e Conférence sur les femmes a lieu à Beijing, Chine, et déclare que le droit des femmes est un droit humain, de nombreuses mesures sont prises au niveau mondial en faveur des femmes. La Déclaration et le Programme d’action de Beijing sont adoptés à l’unanimité par 189 pays. Douze domaines de préoccupation y sont ciblés concernant la santé, les droits, le travail. L’éducation, l’enseignement, la violence de genre et l’environnement.

Selon le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles restent actuellement l’un des plus grands défis, sur le plan mondial, à relever à l’horizon 2030.

L’égalité des sexes est l’objectif 5 parmi les 17 objectifs de développement durable (Sustainable Goals) constituant le programme adopté au Sommet des Nations Unies à New York en septembre 2015. La situation des femmes et des filles reste très hétérogène selon les pays, et les changements juridiques et législatifs se font attendre.

Néanmoins les techniques de santé en faveur des femmes continuent de progresser, leur apportant un bénéfice incontestable : la contraception médicale est mise sur le marché dans les années 1960, la population mondiale comptait 2,5 milliards d’habitant.e.s. Soixante ans plus tard, alors que l’usage de la contraception médicale s’est généralisé sur l’ensemble de la planète, la population mondiale a quasiment triplé, confirmant largement le bénéfice des techniques médicales contraceptives sur la morbi-mortalité des femmes et des enfants. Les femmes ayant accès à la contraception médicale ont pu maitriser leur fécondité, et par ce moyen accéder à des situations sociales et professionnelles refusées à leurs ainées. L’espacement des naissances a amélioré la situation sanitaire de leurs enfants, et a permis de leur offrir une éducation et une situation économique convenables.

Et pourtant. Depuis plus de dix ans, l’usage de la contraception médicale est en chute libre. En France, une enquête rapporte que 36,6% des femmes n’utilisent pas de contraception (réalisée sur plus de 2500 personnes par My Lubie en partenariat avec Wyylde, pendant les mois de mars et avril 2023). De très nombreux produits contraceptifs sont disponibles, et souvent pris en charge par l’Assurance Maladie et le Planning Familial. Les risques et effets secondaires de ces produits sont souvent minimes lorsque les contre-indications et précautions d’emploi sont réellement respectées.

La contraception médicale semble être prise au piège d’un système de représentation et de distribution inchangé depuis soixante ans, système devenu, de toute évidence, obsolète. La digitalisation a mis les connaissances scientifiques à disposition du public profane, créant ainsi une situation inédite dans le rapport patient.e.s-professionnels de santé. La préoccupation écologique et les revendications d’égalité de genre ont profondément modifié les modes de pensée et les comportements. L’ordre du jour est à l’étude et à la réflexion, afin d’apporter un

soin contraceptif véritablement centré sur la personne et adapté aux nouveaux enjeux sociétaux.

Ce Colloque francophone fera le point sur les sujets d’actualité concernant la contraception médicale, et permettra d’enrichir connaissances et savoirs par la participation de nouveaux panélistes experts.

*Centers for Disease Control and Prevention www.cdc.gov