La Belgique, bien que de dimensions géographiques réduites comparées à une pomme dans ma main, nourrit des ambitions géopolitiques et stratégiques qui surpassent celles du sommet du Kilimandjaro. Depuis 194 ans (1830-2024), ce pays remarquable a tracé son parcours historique. La Belgique s'est distinguée sur la scène internationale grâce à l'ingéniosité de ses dirigeants, tant d'antan que d'aujourd'hui. Sa puissance atteste qu'il est possible de rivaliser parmi les grandes nations, indépendamment de sa taille démographique et géographique.
Quel est donc le secret de la Belgique ? Quel accompagnement soutient ce pays, modeste mais ambitieux, dans sa progression apparemment irrépressible ? Comme il a été souligné précédemment, le premier atout de la Belgique réside dans l'intelligence, l'ingéniosité et la discipline de ses citoyens, ainsi que dans leur dévotion envers un travail ardu. Cependant, ces qualités ne suffisent pas. Un autre élément clé de la Belgique réside dans son soft power, incarné par sa diplomatie culturelle, en particulier dans ses relations avec le Sud Global, et plus spécifiquement avec les pays africains.
Malgré son passé colonial tragique au Congo-Rwanda-Urundi (CRU), la Belgique, souvent qualifiée de "petite sœur de l’Europe", a opté pour une réconciliation à travers des échanges culturels. Cette démarche se matérialise par l'organisation d'expositions d'arts, de festivals de films, de spectacles de danse et de musique, ainsi que par des dialogues entre écrivains et intellectuels d’Afrique et de la Belgique. Ces initiatives visent non seulement à renforcer les liens culturels dans les relations belgo-africaines, mais incarnent également une véritable diplomatie culturelle par laquelle la Belgique cherche à faire la paix avec son passé pour mieux envisager l'avenir.
Pour atteindre cet objectif, la Belgique s'engage activement dans la promotion de la diversité culturelle, en prenant appui sur ses réalités internes. Ce pays de taille modeste mais aux ambitions élevées est composé de trois communautés principales : la nation allemande, la nation flamande et la nation wallonne, chacune enrichissant la diversité culturelle belge. En plus de ces communautés historiques, une quatrième entité culturelle est en pleine émergence : l'identité bruxelloise, qui se distingue des trois premières. La promotion d'une société multiculturelle est indispensable pour permettre à la Belgique, souvent associée à sa gastronomie comme celle de la frite, de réconcilier ces quatre nations coexistantes sur son territoire.
La Belgique a élevé la promotion de la diversité culturelle au rang de valeur existentielle et a décidé de la promouvoir dans ses échanges avec le Sud Global, notamment avec les pays africains. Contrairement à d'autres nations, la Belgique a su développer des instruments efficaces pour ces échanges culturels, parmi lesquels l'éducation et les échanges universitaires jouent un rôle central.
Dans notre article intitulé "Les Européens d’origine africaine : dynamiques économiques et invisibilités socio-économiques", nous avons souligné l'impact croissant de la présence des Européens d’origine africaine en Europe, notamment en Belgique. De nombreux Européens, à la croisée de leur africanité et de leur européanité, ont accédé à la Belgique grâce aux échanges universitaires. Montrant que la Belgique a toujours été accueillante envers les étudiants du Sud Global, particulièrement les Africains subsahariens, qui sont reçus dans ses universités et institutions d'enseignement supérieur.
Ce flux d'étudiants subsahariens a permis à la Belgique de renforcer la valeur de la diversité culturelle dans le cadre de sa diplomatie culturelle. Il a facilité des liens interpersonnels étroits et a contribué à promouvoir une compréhension mutuelle entre les jeunes générations, façonnant ainsi un avenir plus inclusif et interconnecté entre la Belgique et les pays africains.
La Belgique organisera à Ixelles la 3ème édition du Festival International Belgique – Afrique (FIB) du 15 au 16 septembre 2024, sous l'égide de l’ASBL Œil d’Humanité, dans le cadre de sa diplomatie culturelle. Ce festival vise à renforcer les relations belgo-africaines en réunissant une diversité de représentants de la culture africaine et européenne.
Ixelles deviendra ainsi le lieu de convergence pour des stylistes, chanteurs, orchestres, troupes de danse traditionnelle, artisans, écrivains, peintres, chefs cuisiniers, artistes graphiques, humoristes, producteurs de boissons, chorales, mannequins et bien d'autres acteurs, venant non seulement d’Afrique mais également d’Europe, notamment de Belgique.
L'objectif principal du FIBA est de promouvoir les échanges culturels tout en consolidant la diplomatie culturelle belgo-africaine. Il aspire également à encourager les partenariats entre entrepreneurs culturels, artistes africains, Européens et Européens d’origine africaine. Au-delà de ces objectifs partenariaux, le festival s'engage à mobiliser des fonds pour soutenir l'éducation des enfants non scolarisés, aussi bien en Belgique qu'en Afrique. Cette initiative illustre l'essence même de la diplomatie culturelle, axée sur la promotion et la valorisation de la solidarité entre les peuples.
En conclusion, la Belgique affirme son engagement résolu à promouvoir la diversité multiculturelle par le biais de sa diplomatie culturelle, soutenue par son soft power. La société civile, représentée notamment par des associations telles que l’ASBL Œil d’Humanité, joue un rôle crucial en soutenant cette vision d'unification des peuples à travers les échanges culturels et la valorisation de la diversité culturelle.
Cette initiative justifie pleinement l'organisation de la 3èmeédition du Festival International Belgique-Afrique, prévue le 28 septembre 2024 à Bruxelles, plus précisément dans la commune d’Ixelles. Nous vous invitons chaleureusement à participer à cet événement majeur, qui témoigne de l'engagement de la Belgique à renforcer les liens entre l'Europe et l'Afrique à travers la promotion de la culture et du dialogue interculturel.
Kabwende Kyéngé Kisoke,
Prince du Royaume de Kabongo,
Chercheur en Histoire de Civilisations Africaines.
