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« Même si le Burundi semble être sur la voie de la normalisation, la situation des droits humains reste désastreuse. »
C’est ce qu’a déclaré Doudou Diène lors de la publication du nouveau rapport de la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi. C’est ce que confirment aussi de très nombreuses exactions dont les victimes parlent, de plus en plus, ou cherchent, par tous les moyens à s’extraire de ce pays où l’emprise d’un régime militaro-politique empêche une saine pratique de la démocratie.
Pire, les preuves de ces atteintes flagrantes aux droits de l’homme au Burundi peuvent même aller jusqu’à l’élimination physique, comme c’est le cas, récemment, de d’une dame nommée NTAKIRUTIMANA Eugénie, 67 ans, originaire de Musema - Butaganzwa - Kayanza dont le corps sans vie en décomposition a été découvert dans la douche de la chambre de l'Hôtel Porta Sion qu'elle avait pris pour son séjour au Burundi où elle séjourne depuis le 12 décembre 2021 en provenance de la Belgique, son pays d’adoption où elle était praticienne indépendante en pédicure médicale, en réflexologie ainsi que le yoga.
Peu avant son décès, Eugénie racontait le succès de son intégration dans la communauté bruxelloise en tant que citoyenne issue de la diaspora. Elle avait bien investi le domaine en grignotant sur le marché occupé par les petites entreprises. Elle avait établi une collaboration avec trois maisons médicales mais faisait aussi du domicile chez les personnes qui avaient des difficultés à se déplacer.
Eugénie disait également tout le bien qu’elle avait tiré en entrant chez Bruxelles Émergences, quand l’idée de saisir cette opportunité de remplir le vide crée par la faillite des Petites Entreprises lui est venue. Elle disait, à ce sujet : « dans la vie d’un indépendant, c’est une période très importante : celle d’être soutenu et de se sentir rassuré. »
En aller simple au Burundi
Malheureusement, NTAKIRUTIMANA Eugénie ne savait pas en revenant au Burundi en cette fin d’année 2021, c’est un aller simple qu’elle effectuait dans un pays où le pouvoir est de plus en plus éclaboussé par des exactions graves aux droits de l’homme. Le cinquième rapport de la Commission d’enquête des Nations unies (NU) sur le Burundi s’inquiète au sujet de certaines dérives, alors qu’on pensait ce pays sur la bonne voie pour rompre avec des pratiques que tout condamne comme atteinte à la dignité humaine.
Le document rappelle que les autorités ont certes levé certaines sanctions imposées à la société civile et aux médias, mais que la situation dans le pays reste inquiétante. Le rapport révèle par exemple que « les membres des partis d’opposition (...) sont toujours régulièrement la cible de restrictions abusives et font l’objet de graves violations des droits de l’homme telles que les disparitions, les arrestations et détentions arbitraires et les actes de torture qui pourraient, pour certains, être considérés comme des « crimes contre l'humanité. »
Les auteurs du rapport précisent aussi que le gouvernement burundais a renforcé son contrôle sur le travail des ONG internationales et fait régulièrement preuve d’une certaine hostilité envers le journalisme indépendant.