Par Gloire MALTHUS
La Communauté économique des Pays d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) veut ajuster et réajuster sa position après plusieurs tentatives visant à faire aboutir la transition au Mali. Bamako a annoncé en début de semaine qu’il ne saura organiser les élections au 27 février comme prévu. En réponse, l’Organisation des pays Ouest Africains projette de tenir un sommet à Accra le 09 janvier prochain. En prélude à ce conclave de dernière chance pour faire plier la junte malienne conduite par le colonel Assimi Goïta, la CEDEAO a envoyé encore son médiateur à Bamako pour y rencontrer les différentes autorités impliquées dans l’organisation des élections.
En effet, la junte militaire au pouvoir est revenue sur ses engagements. Pour justifier la non-tenue des élections générales programmées, elle avance notamment des raisons sécuritaires. Le pays est sous le dôme des groupes alliés à Al-Qaïda et le Groupe Etat Islamique qui commettent de graves exactions depuis 2012 prétextant menant une guerre sainte (« djihad »).
Dans un communiqué qui ne détaille rien sur les missions profondes de cette nouvelle rencontre entre Goodluck Jonathan, les autorités maliennes, ses partenaires financiers et les diplomates en poste à Bamako, la CEDEAO annonce que cette mission est une étape importante dans la préparation de ses pourparlers du 09 janvier.
Certes, l’annonce d’un report des élections législatives et présidentielles contrarie à la fois la constitution malienne et bon nombre de pays de la sous-région, mais dans les coulisses, l’on ne pourrait tout de même s’empêcher de soulever une division profonde au sein même de ces Etats dont certains soutiendraient en cachette majoritairement le pouvoir militaire au Mali.
Certains évoquent également la difficulté de tenir des élections dans un pays dont les deux-tiers échapperaient entièrement au contrôle de l’autorité de l’Etat.
De l’autre côté, à l’interne, la question de l’organisation des élections au Mali est loin de réunir tous les acteurs politiques autour d’un consensus malgré de nombreuses médiations de la CEDEAO menées par l’Ex-Président Nigérian et envoyé spécial de cette organisation sous régionale.
Dans un communiqué publié dimanche 02 janvier 2022, un groupe de partis politiques sous le nom de « Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie », s’est farouchement opposé au chronogramme avancé par le Colonel Assimi Goïta, l’accusant même de violer la charte de la transition.
En attendant la conclusion de la CEDEAO sur cette question, certains pays à l’international, à l’instar de la France et des Etats-Unis s’opposent également à cette prolongation de la transition malienne après le coup d’Etat militaire contre le président Ibrahim Boubakar KEITA, le 18 août 2020.