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Par Jean Paul HABIMANA
En République démocratique du Congo, l’Église Catholique compte actuellement plus de 40 millions de fidèles.
Depuis l’indépendance, l’Église Catholique a été préoccupée par la question du bonheur pour le peuple congolais. Juste après la rupture avec Bruxelles, elle a formé plusieurs élites congolaises en vue de préparer le futur du pays.
Pourtant, bien que cette Église occupe une place importante dans ce pays, elle n’a pas toujours été bien traitée par les pouvoirs qui se sont succédé depuis des décennies. Les attaques sévères par les autorités congolaises contre l’Église catholique remontent à bien longtemps.
Bref survol des persécutions des chrétiens en RDC
Les premières années de l’indépendance du Congo ont été marquées par des hauts et des bas. En 1965, le cardinal Joseph Malula a soutenu le mandat du président Mobutu, qui venait de s’emparer du pouvoir sous prétexte de rétablir la paix et de ramener la démocratie.
Au fur et à mesure, Joseph Malula s’est rendu compte des méfaits de la dictature de Mobutu et a commencé à dénoncer des inégalités présentes dans le pays. De fait, Malula s’est opposé à l’introduction des cellules de la jeunesse du parti Mobutu dans les séminaires et dans les écoles catholiques. Cette décision prise par le cardinal Malula a donné naissance à la colère du camp présidentiel de Mobutu. Celui-ci abolit les fêtes religieuses, les prénoms chrétiens et lança une attaque sérieuse contre les clergés de l’Église Catholique. Le cardinal Malula prit peur pour sa vie et s’exila à Louvain en Belgique en 1972.
L’exil de Malula et l’attaque contre l’église organisée par le gouvernement de Mobutu n’ont pas découragé les chrétiens et les responsables de l’Église. Après la conférence de la Baule patronnée par le président français François Mitterrand, où il demanda aux dirigeants africains d’accepter le multipartisme et la liberté d’expression, les chrétiens assoiffés de liberté et affamés de démocratie ont publié un mémorandum en 1990 condamnant la concentration du pouvoir et la corruption de certains dirigeants congolais.
Le dérapage et l’abus du pouvoir du dictateur Mobutu provoquèrent la colère du peuple congolais. Celui-ci réclama le multipartisme et l’ouverture de l’espace politique. Pour se venger Mobutu avait encore une fois attaqué violemment l’Église catholique en fermant le forum. Les chrétiens résistèrent à la répression du pouvoir et organisèrent la marche des chrétiens. Plus d’une centaine ont été tué dans les manifestations.
Une histoire qui se répète
Sous le règne du président Désiré Kabila (1997-2001), l’Église s’est mobilisée contre les problèmes sociaux et les injustices dans le pays en dénonçant la misère du peuple. C’était en 2014 que les évêques s’opposèrent ouvertement à la modification de l’article 220 de la constitution en vue de verrouiller le suffrage universel, le nombre des mandats présidentiels et l’indépendance du pouvoir judiciaire.
A la tête de l’Église catholique, le cardinal Lourent Masengwo, âgé de 78 ans, archevêque de Kinshasa, représentant le continent africain dans le collège de 9 cardinaux nommé par le Pape François dans le but de proposer une réforme de la curie. Le cardinal qualifia de barbarie la répression du gouvernement Kabila, qui a mené des attaques physiques bien armées contre les chrétiens lors de la manifestation du 31 décembre 2017. Les chrétiens qui manifestaient et revendiquaient la cause politique ont réclamé pacifiquement la mise en œuvre de l’accord de la St Sylvestre en 2016. Ces accords visaient le bonheur et le meilleur du peuple congolais afin de procéder aux élections démocratiques. De ce fait, le gouvernement Tsibala a farouchement répliqué et a attaqué l’Église catholique en l’encontre du Cardinal Lourent Mansengwo. Les manifestations du 31 décembre 2017 ont coûté cher à l’Église catholique. Selon la Nonciature apostolique accréditée en RDC « au moins 5 morts, dont un fidèle, 134 paroisses encerclées par des militaires ou policiers, dont dix visés par des tirs de gaz lacrymogènes, deux messes empêchées et cinq messes interrompues par les corps armés ».
Ainsi, la CENSO a demandé au gouvernement de respecter les accords de la Saint-Sylvestre avant le 31 décembre 2017. Cependant, le président Joseph Kabila a maintenu sa dictature et a refusé de laisser le pouvoir au peuple congolais.
Cette attaque farouche envers les brebis de Seigneur a poussé et a mobilisé l’Église du Congo à avoir une force divine afin de revendiquer leur liberté religieuse. Ainsi, la Conférence Épiscopale Nationale Congolaise (CENSO) a plaidé pour le bonheur et la cohésion pacifique du peuple congolais en ces termes « La situation misérable dans laquelle nous vivons aujourd’hui est une conséquence de la persistante crise sociopolitique due principalement à la non-organisation des élections conformément à la constitution de notre pays » a soutenu la Conférence Épiscopale Congolaise.
Les Catholiques congolais continuent à plaider pour l’ouverture démocratique où tous vivront frères et sœurs, sur un pied d’égalité.