Instant littéraire.
Par Maud Marcelin
Les Impatientes de Djaïli Amadou Amal, publié en Afrique sous le titre Munyal, les larmes de la patience, accumule les prix littéraires depuis sa publication en août 2020, aux éditions Emmanuel Collas. Après avoir remporté le célèbre Prix Goncourt des lycéens 2020, elle gagne le cœur des Tunisiens ce samedi 3 avril 2021, lauréate du « choix de la Tunisie ». À travers ce roman, comme dans ses précédents écrits, l’autrice dénonce les violences et les discriminations faites aux femmes sur le continent africain, violences qu’elle-même a subies : « J’ai choisi la littérature ; elle a été pour moi l’arme qui m’a permis non seulement d’être personnellement forte, mais de l’être suffisamment pour aider les autres » dévoile-t-elle sur le plateau de TV5monde.
Djaïli Amadou Amal ose lever le voile sur des sujets tabous : viol, polygamie et mariage forcé sont les mots-clés, qui lient le destin de trois femmes du Sahel : Ramla, Hindou et Safira. Au cœur d’une concession, où la polygamie est perçue comme la norme, Ramla et Hindou sont toutes les deux mariées de force. Ramla croisera le destin de Safira, avec qui elle devra désormais partager son mari ; quant à Hindou, elle se retrouvera violentée et battue par son époux, qui n’est autre que son cousin.
Grâce à la forme polyphonique du récit, l’autrice espère porter la voix de milliers de femmes, en dénonçant les dégâts psychologiques de telles violences, souvent moins connus aux yeux du grand public : « C’est l’histoire de mes sœurs, de mes amies, de mes voisines, des femmes de par le monde. C’est tout cela réuni en une fiction » déclare-t-elle lors d’une interview.
Écrivaine engagée, Djaïli Amadou Amal est aussi l’autrice de deux autres ouvrages. Son premier roman, Walaande, l’art de partager un mari, témoignage autobiographique inspiré de sa propre histoire, lance sa carrière littéraire en Afrique. Son deuxième roman, Mistirijo, la mangeuse d’âmes, lui vaut une distinction de chevalier de l’Ordre de la valeur par le chef de l’État camerounais, Paul Biya. Son dernier roman, quant à lui, gagnera le célèbre Prix Orange de l’Afrique. Fervente militante et féministe, elle est également la fondatrice de l’association camerounaise « Femmes du Sahel » dont le but est de promouvoir l’éducation des jeunes filles et de sensibiliser sur les violences faites aux femmes depuis 2012. Ambassadrice de l’UNICEF depuis peu, son combat, désormais mondialement connu n’a donc pas fini de faire parler de lui.
