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Le statut privilégié de la femme rwandaise actuelle prend ses racines dans la tradition du Pays des Mille Collines

Le statut privilégié de la femme rwandaise actuelle prend ses racines dans la tradition du Pays des Mille Collines

Le statut privilégié de la femme rwandaise actuelle prend ses racines dans la tradition du Pays des Mille Collines

/ SOCIETE / الجمعة, 07 أيار 2021 19:09

source photo: magazine in afrik

Par Fulgence KAMALI 

Selon les données du dernier recensement national, les femmes constituent  52 % de la population totale et 60 % de la population active; 34 % des ménages rwandais étant dirigés par des femmes. Dans la société traditionnelle rwandaise, le rôle de la femme a toujours été prépondérant. Cette femme  est appelée affectueusement « Umutima w’urugo », ce qui signifie  le cœur du foyer. 


«  La femme est le cœur de foyer » selon la sagesse rwandaise

Quelques proverbes rwandais montrent l’importance du  rôle de la femme dans la gestion de la famille : « ukurusha umugore, akurusha urugo », signifiant que celui qui a une femme intelligente et sage a un meilleur foyer que celui qui n’en pas, un homme qui a une femme plus consciencieuse aura un ménage plus prospère que les autres.

Les rwandais sont en effet convaincus que la force d’une famille provient principalement de la capacité de la femme à la gérer et à la rendre prospère. Généralement, aucune décision, de quelque importance qu’elle soit, n’est prise sans que son avis soit requis au préalable. Rien n’oblige le mari à le faire ;   cela dépend de ses rapports avec son épouse et de la confiance  mutuelle.


Le rôle de la  femme rwandaise dans la vie politique avant l’arrivée des colons

Ceci se reflète aussi sur la gestion du pays où la femme rwandaise a toujours été dans la vie politique ou publique de l’histoire du Rwanda. La reine-mère secondait par exemple le roi dans la direction du pays. Elle assumait, aux côtés de son fils, toutes les responsabilités administratives   surtout quand le  roi était très jeune ou frappé d'incapacité. Par conséquent, quelques femmes se sont distinguées en jouant un rôle capital dans la prise de décisions dans la vie politique du pays.

La dernière reine-mère connue est Kanjogera. Elle fut à l'origine du coup d'Etat de Rucunshu en 1895: un jeune roi désigné par son père Mibambwe Rutarindwa fut déposé et la reine fit introniser son propre fils Yuhi Musinga ;  celui-ci régna de 1895 à 1931. Une autre reine-mère, Nyiratunga mère du roi Yuhi IV Gahindiro (1792-1802) a joué un rôle important dans la politique à l’époque.

D'autres femmes se sont aussi retrouvées sur la scène politique comme  Nyirakigwene et Nyirakabuga qui furent des sous-chefs ; Nyagakecuru, épouse de Samukende qui gouvernait les « Ibisi bya Huye » et Robwa, soeur du Roi Ruganzu Bwimba et Nyiratunga, qui s'est sacrifiée en libérateur pour que le Rwanda ne soit pas envahi par le Gisaka (Un royaume qui a finalement été vaincu et ensuite annexé par le Rwanda).

On connaît d'autres qui ont exercé la première intervention militaire telle que Ndabaga qui fut célèbre par son caractère extraordinaire avec le fameux adage « Ibintu byageze iwandabaga » pour traduire que la situation s'est aggravée à telle enseigne qu'une femme Ndabaga a dû intervenir personnellement sur le champ de bataille.


Le Rwanda connaît 
 la représentation féminine la plus élevée du monde au parlement

Dans l’histoire récente, les femmes rwandaises ont occupé et occupent encore des fonctions haut placées a l’instar de madame Ayinkamiye Madeleine ( 6 janvier 1964 - 8 novembre 1965) qui fut la première femme ministre, Mukakayange, première femme députée, madame Agathe Uwilingiyimana (18 juillet 1993 - 7 avril 1994), première à être Première Ministre et de madame Donatille Mukabalisa, actuellement première Présidente de l’Assemblée Nationale, pour ne citer que celles-là.

La représentation des femmes au Sénat, à l’Assemblée nationale et au Gouvernement est assez éloquente. Il s’agit là d’un exemple de la prise de conscience de leur place privilégiée aux différents niveaux de décision de l’Etat. Le Rwanda connaît  la représentation féminine la plus élevée du monde au parlement, avec 61,3% à la chambre basse tandis qu’elles détiennent 53,3% des portefeuilles ministériels.

Depuis le changement survenu en juillet 1994, l’ascension de cette génération de femmes est l’un des piliers de la nouvelle politique. Dès 2003, la Constitution a entériné le principe d’un quota de 30 % dans toutes les administrations et jusqu’au sein du gouvernement. « C’est une volonté politique qui correspondait aussi à la réalité du Rwanda. Au lendemain du génocide, les femmes représentaient près de 70 % de la population », précise le sénateur Tito Rutaremara, l’un des architectes de la loi fondamentale.

Dans le secteur financier aussi, les femmes deviennent plus visibles. Elles ne représentent pas seulement une partie importante  de hauts dirigeants du secteur financier, un examen plus approfondi de l’écosystème montre que beaucoup occupent des postes et des fonctions clés dans les entreprises allant des ressources humaines au développement des affaires, renforçant ainsi leur position dans le secteur financier.

En guise d’exemple, sur les 16 banques locales, 6 sont dirigées par les femmes. Elles dirigent également des institutions financières clés, notamment  de gestionnaires de fonds  comme la Banque de Kigali, des courtiers d’assurance, Mobile Money, entre autres. Les femmes représentent également plus de 30% des postes du conseil d’administration des institutions locales.

On ne se plaint pas d’être femmes au Rwanda car on se sent protégées par les lois et les bonnes pratiques du Pays”, révèle madame Monique Iribagiza, mère au foyer du quartier populaire de Nyamirambo.

Les violences faites aux femmes ne sont plus tolérées, ce qui nous protège et nous donne espoir pour notre bien-être” ajoute-elle d’un air fier.

Cependant, malgré les progrès, l’équité entre les sexes dans le secteur financier est loin d’être atteinte, les femmes dirigeantes actuelles étant largement les premières à franchir le plafond.

Selon monsieur William Mutero, Directeur général de Plan International-Rwanda qui œuvre pour le genre et le développement de la femme, certaines catégories d’emplois doivent encore être disponibles pour les femmes, notamment dans les mines et les carrières où il y a 4,8% de femmes, dans la construction 14,6%, dans les transports, les personnes et les objets représentent 3%.

Le travail non rémunéré est également un obstacle à l’égalité des sexes notamment les travaux ménagers réservés aux femmes, car ce sont souvent elles qui préparent de la nourriture, puisent l’eau, s’occupent des enfants, nettoient la maison ou les vêtements.

L’on peut également noter qu’en dépit de ces réalisations, il existe encore des mentalités conservatrices au sein de la société rwandaise, les relations entre hommes et femmes ne changeant pas au même rythme que les politiques gouvernementales.

L’égalité des sexes n’est pas une question de femmes et il ne peut y avoir de  progrès sans une participation et des chances égales pour tous. Chacun a un rôle à jouer pour garantir que la disparité et l'exclusion entre les sexes n'ont pas leur place dans le pays.

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