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Dr Colette NJOMGANG FONKEU ( PS) , Échevine à la commune Etterbeek, défend sa philosophie du vivre ensemble dans une société juste et égalitaire

Dr Colette NJOMGANG FONKEU ( PS) , Échevine à la commune Etterbeek, défend sa philosophie du vivre ensemble dans une société juste et égalitaire

/ Invité du Mois / Thursday, 16 May 2024 13:36

Propos recueillis par Jean Paul HABIMANA

Colette NJOMGANG FONKEU (PS), Echevine à la commune Etterbeek, médecin ophtalmologue de formation, se confie à Œil d'Humanité, à quelques jours des élections en Belgique. Son propos plein de franchise et son expérience en tant que femme issue de la diaspora ayant réussi son insertion dans la société belge, malgré les obstacles rencontrés tout le long de son parcours professionnel et politique, montrent la voie aux Africains de la diaspora qui luttent pour leur acceptation dans une société belge confrontée à ses propres contradictions.

OH : Bonjour Mme, merci d’avoir accepté de vous exprimer dans notre média Œil d'Humanité et, comme de tradition, nous vous demandons de vous présenter.

Dr Colette NJOMGANG :Merci pour l'opportunité offerte pour m'exprimer sur votre média de choses qui me tiennent à cœur mais qui, je présume, intéressent aussi le public.

Je suis Colette NJOMGANG FONKEU, Echevine à la commune Etterbeek, médecin ophtalmologue de formation, mariée, mère de trois enfants. En tant qu'Ophtalmologue, j'exerce depuis 16 ans. J'ai mon propre cabinet mais travaille également dans plusieurs hôpitaux bruxellois.

Je suis arrivée en Belgique depuis plus de 30 ans. J'ai traversé des étapes difficiles, dont, par exemple, l'équivalence de mes diplômes, Cela m'a ouvert les yeux sur la situation des femmes qui veulent suivre leurs époux en exil ou qui veulent pousser plus loin leurs études. Mais on apprend aussi de ses propres difficultés qui m'ont mis en contact avec des personnes ayant vécu des problèmes semblables et de constituer avec elles une sorte de communauté (de destin). C'est aussi ce qui m'a motivé à leur venir en aide. Je me suis dis que bien qu'étant arrivée à mes fins, en parachevant mes études d'ophtalmologie et en travaillant par la suite, je dois m'engager maintenant pour aider ceux qui ont vécu le même calvaire que moi dans la communauté des Afro-descendants confrontés à des problèmes d'insertion, d'intégration en Belgique.

OH : Mais vous devez avoir aussi éprouvé des difficultés d'accès à la politique? Parlez-nous en.

Dr Colette NJOMGANG : Oui, c'est, effectivement, ce que je disais tantôt. Je n'étais pas destinée à la politique. En tant qu'ophtalmologue, j'avais plutôt un chemin professionnel bien tracé, certainement pas celui qui mène à la politique. Mais, comme je l’ai dit aussi, les difficultés que j'ai rencontrées, le long de mon parcours, m'ont obligée à être sensible aux problèmes que d'autres hommes et femmes, dans des conditions similaires, peuvent rencontrer en Belgique. Même dans mon travail d'ophtalmologue, j'ai rencontré des personnes qui étaient discriminées et je me suis dit qu'il n'était pas normal que je me taise, que je dois engager un combat en leur faveur, comme celui qui m'avait permis, moi, de vaincre ces obstacles.

J'ai alors compris que c'est la politique qui est le moyen approprié pour mener ce combat. Et, là aussi, il est évident que j'ai rencontré beaucoup de discriminations en tant que femme, en tant que femme d'origine immigrée. Je peux raconter moult anecdotes qui montrent que ce n'est jamais facile de faire de la politique quand vous avez le profil que je viens d'évoquer. C'est pourtant bien tout cela qui m'a convaincu que mon engagement est juste ou, du moins, justifiable.

C'est la politique qui décide de la vie des gens, qui l'oriente.

OH : Vous êtes Echevine, un poste éminemment politique. Pouvez-vous nous dire comment vous le vivez en tant que personne issue de l'immigration ?

Dr Colette NJOMGANG : Un échevin est un adjoint au maire, au bourgmestre. Il fait partie du collège échevinal qui gère les affaires de la commune, un bourgmestre ne pouvant pas s'occuper de tout. L'échevin reçoit donc des missions dans ce cadre. Me concernant, cette mission comprenait, lors de mon deuxième mandat, l'enseignement et la politique culturelle et sportive de la commune ainsi que le centre culturel Senghor que j'avais depuis quelques années et qui est reconnu par la fédération Wallonnie-Bruxelles. Ça crée des échanges en permanence et il y a aussi le volet artistique qui est loin d'être négligeable, en plus du volet social qui soutient l'école des devoirs et la parentalité, du fle (français langue étrangère), des cours à des gens qui ne savent pas parler français dont l'apprentissage permet à des personnes en milieu précaire de rencontrer l'art, de rencontrer la culture.

Dans le volet artistique, nous avons les musiques du monde, les musiques modernes, la danse et tout ce qui est culture, les ciné-clubs, plusieurs conférences que j'aimises sur pied au centre SENGHOR pour, justement, discuter sur les thématiques qui préoccupent les populations sous le thème café - citoyen. Donc, nous le faisons aussi dans l'enseignement où nous avons un programme commissions repas offrant aux parents mais surtout aux enfants, des repas sains, équilibrés et le cahier des charges nous permet de nous assurer du respect de la qualité de ces repas, du respect de la planète, en matière environnementale, et aussi qu'on évite le gaspillage alimentaire. J'ai également mis sur pied, au niveau de la culture, la participation des enfants au parcours d'artistes. Il est important d'avoir plusieurs cultures. C'est une mission qui nous est envoyée par notre ministre Caroline Désir pour ramener plusieurs cultures dans les écoles dans le cadre du programme PECA (programme d'éducation culturelle et artistique) avec pour objectif que chaque enfant ait une grosse expérience artistique et culturelle pendant les cours. C'est ce que nous avons appliqué en mettant en relation les académies avec les centres culturels.

Donc, il n'y a pas mal de choses comme ça que j'ai mises sur pied au niveau du sport : les journalistes sportifs, les marches urbaines, les marchés du sport; tout cela constitue des thématiques, des programmes que nous avons créés pour que non seulement les populations puissent s'adonner à la pratique du sport mais également tirer profit de ces structures sportives publiques dans la répartition des salles, dans les clubs sportifs, pour les asbl sportives, tout cela fait partie de la mission dévolue à l'échevin. Donc je ramène ces points au collège et c'est à lui de voir comment je défends ces programmes.

OH : je vous que vous avez choisi le parti ps (Parti socialiste). Est-ce parce qu'il est le plus proche des préoccupations des citoyens issus de la diaspora ?

Dr Colette NJOMGANG : Merci pour la question. Au moment où j'ai rencontré les difficultés évoquées plus haut, j'ai aussi essayé de rencontrer les personnes dans d'autres partis. Je précise qu'à l'époque je n'étais pas engagée politiquement. C'est au ps que nous avons eu de l'écoute pour le problème des équivalences des diplômes. C'est Mme Dupuis qui était alors ministre de l'enseignement. qui avait permis ces équivalences en partant du fait que les hôpitaux belges avaient besoin de nous et nous de travailler et de parfaire nos études en fonction de ce qui était requis à l'époque.

Merci Madame Colette, Bonne chance pour le 09 juin

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