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République démocratique du Congo : L’Église catholique menacée

République démocratique du Congo : L’Église catholique menacée

République démocratique du Congo : L’Église catholique menacée

/ SOCIETE / Tuesday, 30 March 2021 10:11

 source photo: capsud.net

Par Jean Paul HABIMANA

En République démocratique du Congo, l’Église Catholique compte actuellement plus de 40 millions de fidèles. 

Depuis l’indépendance, l’Église Catholique a été préoccupée  par la question du bonheur pour le peuple congolais. Juste après la rupture avec Bruxelles, elle a formé plusieurs élites  congolaises en vue de préparer  le futur du pays.

Pourtant, bien que cette Église occupe une place importante dans ce pays, elle n’a pas toujours été bien traitée par les pouvoirs qui se sont succédé depuis des décennies. Les attaques sévères par les autorités  congolaises  contre l’Église catholique remontent à bien longtemps.

Bref survol des persécutions des chrétiens en RDC

Les premières années de l’indépendance du Congo ont été marquées par des hauts et des bas. En 1965, le cardinal Joseph Malula a soutenu le mandat du président Mobutu, qui venait de s’emparer du pouvoir sous prétexte de rétablir la paix et de ramener la démocratie.

Au fur et à mesure, Joseph Malula s’est rendu compte des méfaits de la dictature de Mobutu et a commencé à dénoncer des inégalités présentes dans le pays. De fait, Malula s’est opposé à l’introduction  des cellules de la jeunesse  du parti Mobutu dans les séminaires et dans les écoles catholiques. Cette  décision prise par le cardinal Malula a donné naissance à la colère  du camp présidentiel de Mobutu. Celui-ci abolit  les fêtes religieuses, les prénoms chrétiens  et lança une attaque  sérieuse contre les clergés de l’Église Catholique. Le cardinal Malula prit peur pour sa vie et s’exila à Louvain en Belgique en 1972. 

L’exil de Malula et l’attaque contre l’église organisée par le  gouvernement de Mobutu n’ont pas découragé les chrétiens et les responsables de l’Église. Après la conférence de la Baule patronnée par le président français François Mitterrand, où il demanda aux  dirigeants africains d’accepter  le multipartisme et la liberté d’expression, les chrétiens assoiffés de  liberté et affamés de démocratie ont publié un mémorandum  en 1990 condamnant la concentration du pouvoir et la corruption de certains dirigeants congolais. 

Le dérapage et l’abus du pouvoir du dictateur Mobutu provoquèrent  la colère du peuple  congolais. Celui-ci  réclama le multipartisme et l’ouverture  de l’espace politique. Pour se venger Mobutu avait  encore une fois attaqué violemment l’Église catholique  en fermant le forum. Les chrétiens  résistèrent à la répression du pouvoir  et organisèrent la marche des chrétiens. Plus d’une centaine ont été tué dans les manifestations.

Une histoire qui se répète

Sous le règne  du président Désiré Kabila (1997-2001), l’Église s’est mobilisée contre les problèmes sociaux et les injustices  dans le pays en dénonçant la misère du peuple. C’était  en 2014 que les évêques  s’opposèrent  ouvertement  à la modification de l’article  220 de la constitution en vue de verrouiller le suffrage universel, le nombre des mandats présidentiels et l’indépendance  du pouvoir judiciaire.

A la tête de l’Église catholique, le cardinal Lourent Masengwo, âgé de 78 ans, archevêque de Kinshasa, représentant le continent africain  dans le collège  de 9 cardinaux  nommé  par le Pape François  dans le but de proposer une réforme de la curie. Le cardinal qualifia de barbarie la répression du gouvernement Kabila,  qui a mené des attaques physiques bien armées contre les chrétiens lors de la manifestation du 31 décembre 2017. Les chrétiens qui manifestaient et revendiquaient  la cause  politique ont réclamé pacifiquement la mise en œuvre  de l’accord de la St Sylvestre en 2016. Ces accords  visaient le bonheur et le meilleur du peuple congolais afin de procéder aux élections démocratiques. De ce fait, le gouvernement Tsibala  a farouchement  répliqué et a attaqué  l’Église catholique  en l’encontre du Cardinal Lourent Mansengwo. Les manifestations  du 31 décembre 2017 ont  coûté cher à  l’Église catholique. Selon la Nonciature  apostolique accréditée  en RDC « au moins 5 morts, dont un fidèle, 134 paroisses encerclées par des militaires ou policiers, dont dix visés par des tirs de gaz lacrymogènes, deux messes empêchées et cinq messes interrompues par les corps armés ».

Ainsi, la CENSO a demandé au gouvernement de respecter les accords de la Saint-Sylvestre avant le 31 décembre 2017. Cependant, le président Joseph Kabila  a maintenu sa dictature et a refusé de laisser le pouvoir au peuple congolais.

Cette attaque farouche envers les brebis de Seigneur a poussé et a mobilisé  l’Église  du Congo  à avoir une force  divine  afin de revendiquer  leur liberté religieuse. Ainsi, la Conférence Épiscopale  Nationale Congolaise (CENSO)  a plaidé  pour le bonheur et la cohésion  pacifique  du peuple congolais en ces termes « La situation misérable dans laquelle  nous vivons aujourd’hui  est une conséquence de la persistante  crise sociopolitique due principalement à la non-organisation  des élections conformément à la constitution de notre  pays » a soutenu  la Conférence Épiscopale Congolaise. 

Les Catholiques congolais continuent à plaider pour l’ouverture démocratique où tous vivront frères et sœurs, sur un  pied d’égalité.  

 

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