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Côte d’Ivoire : Une dynamique économique au service de la politique

Côte d’Ivoire : Une dynamique économique au service de la politique

Côte d’Ivoire : Une dynamique économique au service de la politique

/ SOCIETE / Wednesday, 19 June 2024 22:05

En Côte d’Ivoire, la bataille de la présidentielle de 2025 est déjà bien lancée sur fond d’analyse de la situation économique du pays dans un contexte de crise mondiale exacerbée par la guerre russo-ukrainienne et le conflit entre Israël et la Hamas.

Dans ce pays, gouverné par Alassane Ouattara depuis 2010, un ancien haut cadre du FMI (fonds monétaire international), si la bataille électorale pour la présidentielle de 2025 n’est pas encore officiellement ouverte, les candidats commencent à montrer leurs visages. Le terrain politique est déjà en ébullition.

ADO, comme on l’appelle communément, est en terrain conquis grâce à ses qualités d’économiste auquel on reconnaît le mérite d’avoir remis la Côte d’Ivoire, après la période du Père de la Nation Houphouët-Boigny, sur les rails de la croissance économique.

En effet, le président économiste de formation a su capitaliser sur le travail qu’il avait déjà accompli ; en tant que Premier ministre de Côte d’Ivoire, de 1990 à 1993, une période pendant laquelle il avait assaini les finances publiques du pays et relancé l’économie au prix d’une politique de rigueur budgétaire saluée, à l’époque, par tous les partenaires techniques et financiers du pays.

Ce n’est donc pas sans raison que celui qui sera probablement candidat à sa propre succession, en 2025 – s’il ne trouve le dauphin idéal pour poursuivre le travail – parle, devant le Parlement réuni en congrès, mardi 16 mai dernier, à Abidjan, d’une « dynamique économique » prometteuse en Côte d’Ivoire, avec un taux de croissance économique de 7% par an sur la période 2024-2027.

« Cette résilience de l’économie ivoirienne s’appuie sur un cadre macroéconomique solide, une gestion saine des finances publiques également. La dette est maitrisée, les équilibres sont maintenus et la dynamique économique promet des lendemains meilleurs. Malgré les chocs au niveau international et sous régional, le taux de croissance devrait s’établir en moyenne à environ 7% et plus par an, sur la période 2024-2027 », avait déclaré le président Alassane Ouattara, confiant en l’avenir d’un pays qui se transforme à vue d’œil et qui vient d’organiser et de remporter l’une des coupes d’Afrique (CAN) les plus réussies, selon les observateurs.

Il ne s’agit pas, comme peuvent le prétendre les opposants ivoiriens, d’un simple élan d’autosatisfaction mais bien de performances économiques et financières qui ont fait de la Côte d’Ivoire, depuis le mois de mai, le 3e pays d’Afrique subsaharienne le mieux noté. La Côte d’Ivoire est la 9e économie du continent africain, la 3e économie d’Afrique francophone et la 2e économie d’Afrique de l’Ouest après le Nigeria. Le pays continue de bénéficier de la confiance des partenaires bilatéraux. Le taux d’investissement est ainsi passé de près de 9 % en 2011 à plus de 25 % en 2023.

Aux commandes de l’économie mise au service de la politique, Alassane Ouattara a su revigorer l’action de son gouvernement en matière agricole, de l’éducation, de l’insertion des jeunes, de l’autonomisation des femmes et de la sécurité.

Un parcours politique d’exception

Alassane Dramane Ouattara, souvent désigné sous ses initiales « ADO », est économiste de profession ayant notamment travaillé au FMI. Il est le premier à exercer la fonction de Premier ministre de Côte d’Ivoire, de 1990 à 1993, une période pendant laquelle il assainit les finances publiques du pays et relance l’économie au prix d’une politique de rigueur budgétaire. Il est élu en 1999 à la tête du Rassemblement des républicains (RDR), mais ne peut se présenter aux élections présidentielles de 1995 et 2000 à cause d’une modification du code électoral introduisant une clause d’« ivoirité » qui avait des relents de chasse aux sorcières.

Candidat à l’élection présidentielle de 2010, il est élu président de la République avec 54 % des suffrages exprimés selon la Commission électorale indépendante et la quasi-totalité de la communauté internationale. Il exerce pleinement ses fonctions de chef d’État après l’arrestation par ses partisans du président sortant, Laurent Gbagbo, qui estimait avoir remporté le scrutin et refusait de quitter le pouvoir.

Après cette grave crise politique, il conduit une politique libérale et interventionniste relançant la croissance économique. Son administration investit notamment dans la réhabilitation d’infrastructures et encourage les investissements dans le pays.

Après avoir été réélu au premier tour de l’élection présidentielle de 2015 avec 84 % des voix, il annonce ne pas vouloir briguer un troisième mandat. Le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly est ainsi désigné candidat de la majorité présidentielle à l’élection présidentielle de 2020 mais meurt peu de temps avant celle-ci. Alassane Ouattara revient alors sur sa décision de quitter le pouvoir et l’emporte largement à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition, réunissant 95 % des suffrages au premier tour. Après les élections législatives de l’année suivante, auxquelles l’opposition accepte de participer, il conserve sa majorité à l’Assemblée nationale.

En 2025, les velléités présidentielles de Laurent Gbagbo, ancien président, Charles Blé Goudé, leader du COJEP, et de Guillaume Soro, ancien premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, poussent Ouattara à envisager plusieurs scénarios possibles : se choisir un successeur parmi ses fidèles dont trois sont nommés à des postes stratégiques : Jeannot Kouadio Ahoussou, ancien président du Sénat et membre du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, parti présidentiel), est nommé ministre d’État conseiller spécial à la présidence de la République, Albert Toikeusse Mabri, leader de l’UDPCI, un parti ayant récemment adhéré au RHDP et l’ex-ministre de la Construction et de l’Urbanisme, Mamadou Sanogo, expert en matière électorale au sein du parti au pouvoir sont nommés ministres conseillers à la présidence de la République.

L’autre perspective est de voir ADO rester aux commandes parce que, malgré son âge, il a encore de la ressource pour servir son pays et que, pour beaucoup de ses partisans, il « est le seul capable de rassembler au sein du RHDP. S’il n’est pas candidat, ça va partir en vrille chez nous ».

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