En 2015 les Nations Unies adoptent les 17 objectifs de développement durable (ODD), constituant ainsi une feuille de route pour un développement mondial partenaire et égalitaire pour les nations et les personnes, respectueux de l’environnement.
La santé est au cœur des ODD, portée par les objectifs de réduction de la faim et de la pauvreté, l’éducation, le travail décent, l’égalité des genres et la production durable, qui en sont les dénominateurs fondamentaux.
Développement économique et santé des populations interagissent dans une corrélation étroite. L’augmentation de la production alimentaire de qualité a pour effet la réduction des maladies infectieuses et des maladies chroniques causées en partie par la malnutrition.
Néanmoins la coïncidence entre ceinture de pauvreté géographique et prévalence du paludisme peut générer la confusion sur la relation entre pauvreté-maladie et carence en soins médicaux : bien que le progrès médical reste important sur le plan individuel, avec par exemple la découverte de l’insuline au début du 20e siècle, la diminution de la morbidité et l’allongement de l’espérance de vie des populations apparaissent plus en lien avec les progrès économiques qu’avec les innovations en santé. Effectivement la diminution de la morbi mortalité européenne précède les grandes découvertes médicales de la première moitié du 20e siècle (développement de la vaccination, antibiotique, cortisone), s’expliquant entre autres par l’amélioration de l’hygiène, dont l’accès à l’eau, et de l’habitat.
La corrélation entre l’état de santé des personnes et le développement économique questionne le bien-fondé et la validité de l’aide mondiale à la santé, telle que cette aide est actuellement apportée aux pays du Sud. Il semblerait que les personnes à hauts revenus en seraient les principales bénéficiaires, les personnes à bas revenus ou sans ressources n’ayant accès qu’aux soins primaires, insuffisants selon les situations.
L’efficacité de l’aide publique en matière de biens et de services de santé sur l’état réel des personnes peut ainsi apparaitre décevante, le bénéfice des traitements médicaux et chirurgicaux reste également largement dépendant des comportements individuels, notamment en termes de prévention, des croyances et de l’habitus en santé, en défaveur des personnes sans accès à une éducation de qualité.
La coopération en ce qui concerne le VIH est néanmoins un exemple incontestable de coopération Nord Sud réussie, même si les besoins à ce jour sont insuffisamment couverts.
Une autre préoccupation des pays du Sud est le départ des ressources humaines vers des pays en capacité d’offrir des moyens techniques, conditions de travail et salaires autorisant les ambitions professionnelles et familiales d’une vie meilleure.
Devant les dysfonctionnements entre les actions, les aides en santé et en économie et les populations, il est essentiel de tenir compte non seulement des modèles théoriques mais également d’une science des faits, de l’observation et des résultats.
La santé, l’aide publique à la santé, le développement économique, et surtout la connaissance approfondie du terrain, des besoins et des comportements individuels sont les variables multiples et interdépendantes à prendre en compte dans toute action sanitaire et économique visant à l’accomplissement des Objectifs mondiaux 2030.
Bibliographie
Duflo Esther, Le développement humain. Lutter contre la pauvreté. Seuil 2010
Mathieu, Quentin. « Esther Duflo, chantre de l’expérimentation aléatoire », Paysans & société, vol. 379, no. 1, 2020, pp. 39-44
Mohamed Soual. Pauvreté, expérimentation et développement dans les travaux d’Esther Duflo. Economies et finances. Université Grenoble Alpes [2020-.], 2021.
