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Peulh : Le mariage d’une autre coutume

Peulh : Le mariage d’une autre coutume

Peulh : Le mariage d’une autre coutume

/ SOCIETE / Wednesday, 02 June 2021 17:24

source image: LEUK SENEGAL

par Moussa Dialo

Au Sénégal, le mariage est une union scellée entre deux personnes, un homme et une femme quels que soient la tradition et le milieu. Cependant chaque ethnie à sa propre manière de célébrer le mariage.

Chez nos parents peulhs, la célébration du mariage revêt un cachet particulier du fait du folklore qui l’entoure.

Qui sont les peulhs ? Ils sont une ethnie qui parle la langue peulh. Ils sont aussi des pasteurs éleveurs. On les retrouve un peu partout en Afrique et particulièrement au Sénégal où ils sont représentés par une communauté appelée haal pulaar ou tout bonnement toucouleurs (qui parle peulh originaire du Macina , du Fouta ou de la République de Guinée) . Cette ethnie est très conservatrice. Elle ne lésine sur aucun moyen pour garder les filles chastes jusqu’au mariage. Ce que les Halpulaars ont en commun c’est de marier la fille très tôt .Pour eux c’est une manière de la protéger des prédateurs sexuels. Certains appelleront cela mariage précoce. Ces communautés ont une manière particulière d’organiser les cérémonies de mariage.

Quels sont Les étapes à suivre jusqu’aux festivités de mariage ?

Le mariage en milieu peul suit tout un processuel qui va du le murmure à l’oreille (nioumbourdi) à la fixation d’une date pour les festivités du mariage, en passant par les fiançailles (diamal), la fixation de la dot (tengué), l’Annonce du mariage et le mariage à la mosquée (koumal).

Le « nioumbourdi » est un moment où le prétendant met la puce à l’oreille de la jeune fille pour lui dire de façon non officielle son désir de l’épouser. Car n’oublions pas que le mariage nécessite le consentement des deux parties notamment des futurs mariés. C’est à la suite de cet acte posé que le jeune homme s’en ouvre à ses propres parents pour leur annoncer la bonne nouvelle. Les parents envoient des gens dans la demeure de la future mariée avec une somme forfaitaire pour manifester leur volonté de faire d’elle leur belle-fille. Cette somme est symbolique.

Ensuite vint le « diamal » ou demande en mariage. C’est autour d’une forte délégation de se rendre chez les parents de la fille pour discuter et s’accorder sur le montant à payer pour la dot qui est généralement fixée à 100000 frs, pour une jeune fille vierge, avec l’accord de celle-ci .Ce n’est pas forcé comme le prétend une certaine source. Le mariage est consenti. Dès lors, le griot annonce définitivement des fiançailles entre deux jeunes gens. Cette annonce à un double sens :

- Faire connaître à l’opinion que, désormais, deux êtres sont appelés à s’unir pour le meilleur et pour le pire.

- Avertir les jeunes gens de leur conduite vis-à-vis de l’un ou de l’autre.

- Ensuite, les parents des futurs mariés se retrouvent pour prendre une date annonçant la célébration du mariage à la mosquée.

Cette célébration est faite en général après la prière de 5 heures appelées Asr. Les représentants de chaque partie se rendent à la mosquée avec la dot appelée Tégué avec des présents (boubous pour le beau-père, boubou pour la belle-mère et pour les oncles). La dot comprend généralement un montant à verser à la mosquée.


Comment cela se passe ?

L’imam vérifie la présence des demandeurs, des donneurs et des témoins (au moins deux). Dans la coutume et dans la religion, le fidèle est toujours invité à assister à de telles cérémonies. La demande est renouvelée devant Dieu et devant les sages tout comme l’accord. Quand l’imam reçoit les déclarations, il noue les liens de mariages. Deux étapes importantes restent à venir celle des festivités sanctionnant la journée de la mariée et son départ dans sa demeure conjugale. Cette journée est une fête dans le quartier.

Quand le jour arrive les « goggo » tantes passent la journée avec la nouvelle mariée lui prodiguant les conseils idoines pour mieux se tenir dans le foyer conjugal. On lui apprend à se purifier le corps en cas de souillure (relations sexuelles avec le mari ou lorsqu’elle est indisposée). On l’asperge aussi d’eau bénite pour conjurer les mauvais sorts. En Afrique, c’est un aspect auquel l’on donne beaucoup d’importance. Nous pensons que si la relation perdure, c’est grâce à cette eau bénite. Cette parenthèse nous dit combien les mérites sont relégués au second plan.

A la fin de la journée, juste après le crépuscule, une des tantes couvre la mariée d’un pagne acheté pour la circonstance. Vers 20 heures, une réunion s’organise pour demander à la famille de choisir quelqu’un pour accompagner les femmes qui envoient la fille chez elle. En l’occurrence, un oncle et un griot sont les accompagnateurs. Ils sont porteurs des mots de bienveillance des deux parents de la fille.

En général, ces mots garantissent les bonnes conduites dans le couple. Chacun, en ce qui le concerne, veillera au respect strict des règles préétablies. Parmi ces règles, le respect de la personne fille, son implication dans la conduite des affaires de la maison de ses beaux-parents, sa prise en charge alimentaire, sanitaire, etc. Après ce choix, la délégation se dirige vers le domicile conjugal accompagnée de folklore. Après les causeries d’usage, la nuit nuptiale est observée par un petit groupe, en cette matière les « gogo » ou tantes. Il leurs sont dévolus la charge de veiller sur la fille toute la nuit et de témoigner de sa virginité.

A l’aube, un cri retentissant réveille la maison. Il annonce que la fille était chaste en pénétrant la maison de son mari et maintenant elle est devenue une véritable femme emboîtant les pas de sa maman. Une nouvelle journée festive est organisée pour immortaliser la satisfaction de l’époux. C’est à travers la nuit nuptiale qu’une jeune fille gagne le respect de ses beaux-parents ou le perd définitivement. Quand viennent les chefs religieux, ils bénissent l’union du jeune couple. Après les prières, les marabouts prennent congé et laissent les jeunes gens accompagnés de leur génération en fête. Ainsi se termine une interminable coutume, le mariage chez les peulhs. Peut-être y a-t-il des similitudes avec les autres ethnies ?

Le mariage est sacré et n’est pas à négliger quel que soit le bord où on se trouve. Les témoins d’un mariage en sont tout autant.

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